Antoine et Cléopâtre
Tous deux ils regardaient, de la haute terrasse,
L’Égypte s’endormir sous un ciel étouffant
Et le Fleuve, à travers le Delta noir qu’il fend,
Vers Bubaste ou Saïs rouler son onde grasse.Et le Romain sentait sous la lourde cuirasse,
Soldat captif berçant le sommeil d’un enfant,
Ployer et défaillir sur son coeur triomphant
Le corps voluptueux que son étreinte embrasse.Tournant sa tête pâle entre ses cheveux bruns
Vers celui qu’enivraient d’invincibles parfums,
Elle tendit sa bouche et ses prunelles claires ;Et sur elle courbé, l’ardent Imperator
Vit dans ses larges yeux étoilés de points d’or
Toute une mer immense où fuyaient des galères.
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José-Maria de HEREDIA
José-Maria de Heredia (né José María de Heredia Girard 1842-1905) est un homme de lettres d’origine cubaine, naturalisé français en 1893. En tant que poète, c’est un des maîtres du mouvement parnassien, véritable joaillier du vers. Son œuvre poétique est constituée d’un unique recueil, « Les... [Lire la suite]
César a dit adieu à la reine égyptienne,
Car il veut respecter son vrai lien conjugal ;
Cléopâtre, lâchant un combat inégal,
Reprend la liberté qui fut toujours la sienne.
César eut ses amours, sa femme avait les siennes ;
La réconciliation leur fit un sort fatal.
A Vercingétorix, cet empereur tribal,
La femme de César dit : « Je ne suis plus tienne ».
Cléopâtre le sut et obtint du gardien
De la prison d'aller lui faire un peu de bien ;
Ainsi, au fier Gaulois, elle montre une épaule...
Rien de plus n'est permis, en ce sombre mitard ;
L'effet de la visite a duré bien plus tard :
Car Vercingétorix en eut longtemps la gaule.