Poème 'Le coureur' de José-Maria de HEREDIA dans 'Les Trophées'

Le coureur

José-Maria de HEREDIA
Recueil : "Les Trophées"

Tel que Delphes l’a vu quand, Thymos le suivant,
Il volait par le stade aux clameurs de la foule,
Tel Ladas court encor sur le socle qu’il foule
D’un pied de bronze, svelte et plus vif que le vent.

Le bras tendu, l’oeil fixe et le torse en avant,
Une sueur d’airain à son front perle et coule ;
On dirait que l’athlète a jailli hors du moule,
Tandis que le sculpteur le fondait, tout vivant.

Il palpite, il frémit d’espérance et de fièvre,
Son flanc halète, l’air qu’il fend manque à sa lèvre
Et l’effort fait saillir ses muscles de métal ;

L’irrésistible élan de la course l’entraîne
Et passant par-dessus son propre piédestal,
Vers la palme et le but il va fuir dans l’arène.

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Commentaires

  1. Marche au hasard
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    Je traverse la ville, un rêve poursuivant,
    Assez indifférent à ce que fait la foule
    Et fort peu attentif aux pavés que je foule ;
    Je vais, ainsi que vont les feuilles dans le vent.

    Je ne réfléchis point, et je vais de l'avant,
    Je ne songe pas plus que la froide eau qui coule ;
    Un moineau qui sautille, un pigeon qui roucoule,
    J'imite en mes actions ces modestes vivants.

    Je suis celui qui va, sans clameur et sans fièvre,
    La paix dans mon regard et le sourire aux lèvres :
    Le beffroi me salue de sa voix de métal.

    Pour des compétitions, faut-il que l'on s'entraîne ?
    Je ne suis point de ceux qu'attire un piédestal,
    Non plus de ceux pour qui le monde est une arène.

  2. Église dans le vent
    ---------------

    Les antiques démons, nos âmes poursuivant,
    Ne craignirent jamais les mouvements de foule ;
    Leurs sabots sonnent clair sur le pavé qu’ils foulent,
    Mais s’arrêtent s’ils voient l’église dans le vent.

    Ils sont trop timorés pour aller de l’avant,
    Ils frottent leur visage où la sueur s’écoule ;
    La crainte les saisit, la détresse en découle,
    Leur coeur dans leur thorax n’est qu’à demi vivant.

    Aucun consolateur ne vient soigner leur fièvre,
    Ils aimeraient pouvoir courir comme des lièvres
    Mais leur élan se brise en un arrêt brutal.

    Pour surmonter la peur, chaque jour ils s’entraînent,
    Affrontant vaillamment des monstres de métal ;
    Mais l’église est pour eux une effrayante arène.

  3. Prétendre imiter Hérédia n'est qu'une imposture et une hérésie...
    Quand on sait que ce poète à attendu quatorze ans avant de publier certains de ses sonnets, après avoir enfin estimé qu'ils étaient proches de la perfection.
    L'art pour l'art qui était l'essence même du travail des Parnassiens, c'est autre chose que de pondre de pâles copies en ignorant sans doute ces vers de Du Bellay:
    "Je ne suis point de ceux qui, d'un vers triomphant,
    Déguisent une mouche en forme d'éléphant."

  4. Sans oublier

    https://paysdepoesie.wordpress.com/2022/08/17/la-tour-et-la-roue/

    « Oublie ces mots, faits d’une vaine écume ;
    Ils sont venus d’une naïve plume
    Qui d’une mouche a fait un éléphant. »

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José-Maria de HEREDIA

Portait de José-Maria de HEREDIA

José-Maria de Heredia (né José María de Heredia Girard 1842-1905) est un homme de lettres d’origine cubaine, naturalisé français en 1893. En tant que poète, c’est un des maîtres du mouvement parnassien, véritable joaillier du vers. Son œuvre poétique est constituée d’un unique recueil, « Les... [Lire la suite]

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