Le naufragé
Avec la brise en poupe et par un ciel serein,
Voyant le Phare fuir à travers la mâture,
Il est parti d’Egypte au lever de l’Arcture,
Fier de sa nef rapide aux flancs doublés d’airain.Il ne reverra plus le môle Alexandrin.
Dans le sable où pas même un chevreau ne pâture
La tempête a creusé sa triste sépulture ;
Le vent du large y tord quelque arbuste marin.Au pli le plus profond de la mouvante dune,
En la nuit sans aurore et sans astre et sans lune,
Que le navigateur trouve enfin le repos !Ô Terre, ô Mer, pitié pour son Ombre anxieuse !
Et sur la rive hellène où sont venus ses os,
Soyez-lui, toi, légère, et toi, silencieuse.
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José-Maria de HEREDIA
José-Maria de Heredia (né José María de Heredia Girard 1842-1905) est un homme de lettres d’origine cubaine, naturalisé français en 1893. En tant que poète, c’est un des maîtres du mouvement parnassien, véritable joaillier du vers. Son œuvre poétique est constituée d’un unique recueil, « Les... [Lire la suite]
Nef de mars
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Comment marche la nef qui n’a point de mâture ?
En se laissant porter par les courants sereins,
Elle glisse au hasard sous les astres d’airain ;
Son équipage est fait de trois trolls immatures
Ne sachant point parler (sauf en alexandrins).
Ils sont partis, lassés des herbeuses pâtures ;
Tant pis si l’Océan devient leur sépulture,
Autant vaut cette eau-là que les bords méandrins.
Ils voient, de loin, danser la licorne des dunes
Sous la blanche lumière émanant de la lune ;
Au rivage ne va leur improbable nef.
Si leur navigation, quelque peu hasardeuse,
Ramène à son départ leur coque baladeuse,
Vers le plus lointain cap ils iront, derechef.
Faire une commentaire linéaire du premier quatrain:Le Naufragé du José.M de Héredia