Poème 'Cariatides' de Théophile GAUTIER dans 'La Comédie de la Mort'

Cariatides

Théophile GAUTIER
Recueil : "La Comédie de la Mort"

Un sculpteur m’a prêté l’œuvre de Michel-Ange,
La chapelle Sixtine et le grand Jugement ;
Je restai stupéfait à ce spectacle étrange
Et me sentis ployer sous mon étonnement.

Ce sont des corps tordus dans toutes les postures,
Des faces de lion avec des cols de bœuf,
Des chairs comme du marbre et des musculatures
À pouvoir d’un seul coup rompre un câble tout neuf.

Rien ne pèse sur eux, ni coupole ni voûtes,
Pourtant leurs nerfs d’acier s’épuisent en efforts,
La sueur de leurs bras semble pleuvoir en gouttes ;
Qui donc les courbe ainsi, puisqu’ils sont aussi forts ?

C’est qu’ils portent un poids à fatiguer Alcide :
Ils portent ta pensée, ô maître, sur leurs dos ;
Sous un entablement, jamais cariatide
Ne tendit son épaule à de plus lourds fardeaux.

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Commentaires

  1. Trois univers
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    Mille pigeons d’avril dans l’azur sont des anges
    Parcourant tous les jours le vaste firmament ;
    Quand le ciel est d’argent, vient une lune étrange,
    Un tourteau de sinople au visage charmant.

    Au coeur de l’inframonde, adoptant la posture
    Par laquelle il entend se gober comme un oeuf,
    L’ouroboros luisant de toute sa dorure,
    Affolé par l’effort, transpire comme un boeuf.

    Serpent, nobles oiseaux, grande lune placide,
    Vous formez, à vous tous, un surprenant tableau,
    Une harmonie de corps qui dansent dans le vide,
    Ainsi que la sirène aux profondeurs de l’eau.

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