Comme un qui s’est perdu dans la forest profonde
Comme un qui s’est perdu dans la forest profonde
Loing de chemin, d’orée et d’adresse, et de gens :
Comme un qui en la mer grosse d’horribles vens,
Se voit presque engloutir des grans vagues de l’onde :Comme un qui erre aux champs, lors que la nuict au monde
Ravit toute clarté, j’avois perdu long temps
Voye, route, et lumiere, et presque avec le sens,
Perdu long temps l’object, où plus mon heur se fonde.Mais quand on voit, ayans ces maux fini leur tour,
Aux bois, en mer, aux champs, le bout, le port, le jour,
Ce bien present plus grand que son mal on vient croire.Moy donc qui ay tout tel en vostre absence esté,
J’oublie, en revoyant vostre heureuse clarté,
Forest, tourmente, et nuict, longue, orageuse, et noire.
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Etienne JODELLE
Étienne Jodelle, né en 1532 à Paris où il est mort en juillet 1573, est un poète et dramaturge français. Membre de la Pléiade, il s’efforça d’en appliquer les principes à l’art théâtral. Il fut le premier à utiliser l’alexandrin dans la tragédie. Il apparaît comme un précurseur de la tragédie à... [Lire la suite]
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- Comme un qui s'est perdu dans la forest...
- Des astres, des forêts, et d'Achéron...
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- De quel soleil, Diane, empruntes-tu tes...
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- En tous maux que peut faire un amoureux orage
- A sa Muse (6)
- Des trois sortes d'aimer la première... (5)
- Dès que ce Dieu soubs qui la lourde masse (5)
- Je meure si jamais j'adore plus tes yeux (4)
- Des astres, des forêts, et d'Achéron... (4)
- Myrrhe bruloit jadis d'une flamme enragée (3)
- Je m'étoy retiré du peuple, et solitaire (3)
- J'aime le verd laurier, dont l'hyver ny la... (3)
- Encor que toi, Diane, à Diane tu sois (3)
- De quel soleil, Diane, empruntes-tu tes... (3)
Se perdre en forêt
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Comme un homme égaré dans la forêt profonde,
Le poète au jardin est traversé d'effroi.
Tout n'est-il donc que leurre et tristesse en ce monde,
Qu'un acheminement vers le sépulcre froid ?
Vainement aux entours jetant des coups de sonde,
L'égaré ne sait plus comment sortir du bois.
Sur un même sentier sa trajectoire ronde
Le ramène toujours dans les mêmes endroits.
Mais une goutte d'eau quelquefois sur sa lèvre,
Le saut d'un écureuil, la gambade d'un lièvre,
Lui font aimer pourtant la piste, au petit jour.
Il est charmé surtout par l'apaisant silence
Dont est souvent saisi notre univers immense ;
Ce silence est prière au soleil des amours.