Poème 'Du verger de nos pays' de ATOS

Accueil > Les membres > Page de poésie de ATOS > Du verger de nos pays

Du verger de nos pays

ATOS

J’aimerais, Monsieur, savoir de quel arbre tombent les fruits de cette colère et quelle est la terre qui porte son verger ?
Cette chose ne embarrasse pas, mais le relent qu’exhalent leurs chairs m’indispose.
Ces fruits saoulent les grives et moi chaque jour je les vomis.
La pourriture ne nourrit pas un homme elle abreuve sa haine et son mépris.

Qui divise ? Qui insulte, qui meurtrit ?
Qui ce sert d’un peuple pour mener son crime ?
Qui transforme le pauvre en folle furie ?
Qui vend, qui exploite, qui ruine ici ?

Vous parlez de tocsin ? D’alarme ? De cris ?
Mais je ne vois que des gredins qui se tapent gentiment la cloche et qui savent prendre tout leur temps dès lors qu’au jardin les âmes se dévorent.

Qui intrigue, qui malmène, qui presse sur les esprits pour en extraire sa lie ?
Qui battit sa fortune en expulsant les autres ?
Qui ment, qui trafique, qui frappe, qui repousse, qui empoisonne la terre où l’on pensait voir fleurir la fraternité des hommes ?

Monsieur cette faim me dégoûte et n’assouvit pas mon appétit.
Je m’insurge, me rebelle, et m’indigne.
Je ne ferai pas de la colère des pauvres mon fusil. Car je vois en elle la signature d’un crime.
Je sais la richesse de bien des pauvres et je vois la fortune de certains.
Je vois ceux qui ne récolteront pas vos fruits.
Je vois leurs dos ployer sous le poids de tonneaux qui ruinent leur destin en alimentant le grand festin de certains.
Et je vois que se prépare la révolte des fruits . Sous le poids des grenades on a vu des raisins donner au ciel des oranges et de petits grains délivrer le meilleur de leur vin.
N’accablez les pauvres, vous ne connaissez pas leur faim.
Si vous savez le poison qu’elle contient alors éloignez de leur bouche et de leur âme la main qui le fabrique , condamnez cette main qui leur ment en leur disant que le néant peut remplir le ventre de leurs enfants.

Qui festoie, qui croit, qui se rend maître, qui tond, qui traie, qui arrache, qui exploite, qui tourmente, qui désigne, qui accuse, qui manipule l’alambic?

Il faut veiller à bien chasser certains bergers de notre verger. Ils y portent des graines qui ne promettent aucun rameau.

L’heure se grave, Monsieur, car je ne vous parle pas ici d’une pomme, mais j’expose ici l’état de l’ensemble des pays dans lesquels vivent des hommes.

Quel est cet arbre, Monsieur, où sommeillent les vilaines planches qui construisent déjà notre tombeau?
Qui a semé sa graine et qui bénit chaque jour la venue de ses mauvais fruits contre la terre ?

Poème préféré des membres

Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.

Commentaires

Aucun commentaire

Rédiger un commentaire

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS