Poème 'Hélène' de Marie KRYSINSKA dans 'Rythmes pittoresques'

Hélène

Marie KRYSINSKA
Recueil : "Rythmes pittoresques"

A Eugène Ledrain.

Aux jardins fleuris de lauriers roses
Et parmi les vasques
Où tombent les doux pleurs des fontaines
Echappées au rire hiératique
Des masques,
Hélène, aux yeux charmants, promène
Une indolente songerie.
Par instants, elle s’arrête
Près des blancs gradins
Menant des jardins fleuris
Dans l’ancestral palais de Priam;
Et cueille, distraite,
Les odorantes roses.
Dont les lourds bouquets s’épanchent
Vers les blancs gradins;
Ainsi, le flot rose d’un vin de Syracuse
S’épanche des cratères pleins,
Que des mains ivres inclinent.
Sa tunique d’azur délicat
Est retenue
Sur l’épaule nue
Couleur de colombe
Par de riches agrafes ouvrées.
Et sur ses pieds blancs,
Comme la blanche laine des agneaux
Tombent les plis droits et souples
De sa tunique d’azur délicat.

* *

Le tumulte lointain du combat,
Qui jette sur la terre sanglante
Les héros mourants sous les murs de Troie; -
Parmi le bruit terrible des boucliers
Et des lances heurtées; -
Le tumulte lointain du combat
Arrive confus: -
Tel un grondement d’écluses ouvertes
Précipitant les ondes
D’un fleuve furieux. -
Hélène, avec une nonchanlante grâce, s’est assise
Sur le marbre pâle d’un banc réfugié
Dans l’ombre des lauriers roses;
Et, tandis que sa main enfantine mêle
A ses beaux cheveux les odorantes roses,
Elle rêve, l’oreille vaguement importunée
Par le tumulte lointain du combat.

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Commentaires

  1. Oiseau des temps très anciens
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    Je charme en son jardin l’impératrice Hélène,
    Quand elle y reste assise en buvant du vin blanc ;
    Je chante de beaux vers, non des choses vilaines,
    Je ne me permets point d’user de faux-semblants.

    Je connais, un par un, les arbres du domaine
    Et j’admire l’érable au feuillage sanglant ;
    J’accompagne souvent la servante romaine
    Qui garde les cochons lorsqu’ils mangent des glands.

    Hélène jadis fut d’un fier barde amoureuse,
    Qui pour une autre fit des rimes savoureuses
    Dont il ne sut tirer jamais aucun profit.

    Le rhapsode et l’oiseau ensemble font la fête,
    L’impératrice dit : Ce sont de braves bêtes.
    Ils en sont très heureux, ce verdict leur suffit.

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Marie KRYSINSKA

Portait de Marie KRYSINSKA

Marie Anastasie Vincentine Krysinska, née à Varsovie le 22 janvier 1845 et morte à Paris le 16 octobre 1908, est une poétesse française. Fille d’un avocat de Varsovie, Marie Krysinska de Lévila vient à Paris étudier au Conservatoire de musique, études qu’elle abandonne bientôt pour s’adonner à la littérature.... [Lire la suite]

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