Poème 'Ilda' de Albert SAMAIN dans 'Le chariot d'or'

Ilda

Albert SAMAIN
Recueil : "Le chariot d'or"

Pâle comme un matin de septembre en Norvège,
Elle avait la douceur magnétique du nord ;
Tout s’apaisait près d’elle en un tacite accord,
Comme le bruit des pas s’étouffe dans la neige.

Son visage, par un étrange sortilège,
Avait pris dès l’enfance et gardait sans efforts
Un peu de la beauté sublime qu’ont les morts ;
Et le rire semblait près d’elle sacrilège.

Triste avec passion, sur l’eau de ses grands yeux
Le songe errait comme un rameur silencieux.
Tout ce qui la touchait s’imprégnait d’un mystère.

Et si douce, enroulant ses boucles à ses doigts,
Avec une pudeur farouche de sa voix,
Elle vivait pour la volupté de se taire.

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Commentaires

  1. Aigle-Bouddha
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    Cet oiseau de l’éveil renonce aux privilèges,
    Dirige, en méditant, ses regards vers le Nord,
    Et avec l’univers se met en plein accord,
    Comme avec les coteaux s’harmonise la neige.

    Il ne prononce pas les mots des sortilèges ;
    Allant d’un point à l’autre, il plane sans effort,
    Se tenant loin, toujours, des vivants et des morts.
    Il ne chante jamais de chanson sacrilège.

    La beauté du cosmos embellit ses doux yeux ;
    Le calme, autour de lui, s’établit en tous lieux,
    Un calme rehaussé d’un soupçon de mystère.

    Son vaste esprit est noble, et pur, comme il se doit ;
    Je l’entends accomplir un travail sur sa voix :
    L’exercice fameux qui consiste à se taire.

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