Poème 'J’ai peur de la femme qui dort' de Charles CROS dans 'Le collier de griffes'

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J’ai peur de la femme qui dort

Charles CROS
Recueil : "Le collier de griffes"

J’ai peur de la femme qui dort
Sur le canapé, sous la lampe.
On dirait un serpent qui mord,
Un serpent bien luisant qui rampe.

Je ne suis pas un homme fort,
Mais ce soir le sang bat ma tempe.
L’amour va bien avec la mort ;
Mon poignard, essayons ta trempe.

Arrêtons son rêve menteur.
Nulle langueur, nulle senteur,
Acier, n’empêchera ton oeuvre.

Ô lâcheté ! le lendemain
J’aspirais l’odeur de jasmin
De ma triomphante couleuvre !

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Commentaires

  1. Tant de poisons dans l'univers,
    Des aliments et des breuvages
    Qui vous font perdre le langage
    Et transpirer en plein hiver.

    Quand les arbres se refont verts,
    Quand revient la saison sauvage
    Et brûle un feu dans ces parages,
    Un coeur à soi redécouvert

    Fête du bonheur le retour ;
    Il se prend à rêver d'amour
    En contemplant la lune claire.

    Mais il ne trouve point de mots
    Pour chanter la fin de ses maux,
    Cet humble coeur crépusculaire.

  2. Mélancolie du dragon d’azur
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    Ce dragon veille quand tu dors,
    Un ver luisant lui sert de lampe ;
    Il lit des légendes d’Armor
    Ou parfois contemple une estampe.

    Son coeur et son âme sont forts,
    Mais l’indifférence en lui rampe ;
    Des gens de son âge sont morts
    Et bientôt c’est lui qui décampe.

    Ce moment n’a rien d’enchanteur,
    La nuit s’écoule avec lenteur,
    Même les taverniers sont ivres

    Le soleil brillera demain
    Sur sa plume et son parchemin,
    Et même sur quelques vieux livres.

  3. Serpent insomniaque
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    Le serpent bien rarement dort,
    Toujours je vois briller sa lampe ;
    L’insomnie tourmente son corps
    Dont Hokusai fit une estampe.

    Plus qu’un dinosaure il est fort,
    Ce serpent qui jamais ne rampe ;
    Il fréquente à minuit le port
    Et dans une eau froide se trempe.

    Son ancêtre fut un menteur
    Et du péché fut l’inventeur,
    Avec lequel il nous faut vivre.

    Mais lui, sans peur du lendemain,
    Toujours suivant le droit chemin,
    À nulle fraude ne se livre.

  4. Dame des rêves savoureux
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    Je te retrouve quand je dors,
    Tous mes soucis alors décampent ;
    Mon corps se réchauffe à ton corps,
    C’est un joli sujet d’estampe.

    Dans ce songe mon coeur bat fort,
    Mon âme s’accroche à la rampe ;
    C’est presque trop pour ce vieux porc,
    Même s’il est de bonne trempe.

    Ton corps ondule avec lenteur
    Dans un parc aux mille senteurs,
    C’est alors que je me sens vivre.

    La nuit n’a pas de lendemain,
    Le temps a perdu son chemin ;
    C’est un beau chapitre à mon livre.

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