Poème 'Malgré tout' de Charles CROS dans 'Le collier de griffes'

Malgré tout

Charles CROS
Recueil : "Le collier de griffes"

Je sens la bonne odeur des vaches dans le pré ;
Bétail, moissons, vraiment la richesse étincelle
Dans la plaine sans fin, sans fin, où de son aile
La pie a des tracés noirs sur le ciel doré.

Et puis, voici venir, belle toute à mon gré,
La fille qui ne sait rien de ce qu’on veut d’elle
Mais qui est la plus belle en la saison nouvelle
Et dont le regard clair est le plus adoré.

Malgré tous les travaux, odeurs vagues, serviles,
Loin de la mer, et loin des champs, et loin des villes
Je veux l’avoir, je veux, parmi ses cheveux lourds,

Oublier le regard absurde, absurde, infâme,
Enfin, enfin je veux me noyer dans toi, femme,
Et mourir criminel pour toujours, pour toujours !

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Commentaires

  1. J'ai rêvé que j'étais un taureau dans un pré.
    La rosée du matin mettait une étincelle
    Sur chaque brin d'herbage, et la sombre hirondelle
    Poursuivait sans répit les insectes dorés.

    Mes vaches (trois ou quatre, et belles à mon gré)
    Savaient pertinemment ce que je voulais d'elles.
    J'étais heureux quand on m'en offrait de nouvelles,
    Et je vivais ainsi, de chacune adoré.

    Car nous autres taureaux, ne sommes point serviles
    Et ne nous activons, comme les gens des villes,
    À du travail utile, à des ouvrages lourds.

    Cependant, de l'humain, la vie n'est pas infâme :
    Je trouve, quant à moi, bien mignonnes ses femmes,
    Elles qui, cependant, ne m'aiment pas toujours.

  2. :-) Cochonfucius!

  3. Gynécée de Monseigneur Paon-Périgouste
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    Paon-Périgouste va par les bois et les prés.
    Sur son beau postérieur son panache étincelle
    Ainsi que le soleil reflété sur ses ailes :
    En de nombreux endroits, son plumage est doré.

    Les nonnes de ces lieux, bien belles à son gré,
    Ne savent pas toujours ce que le paon veut d’elles;
    Les anciennes, pourtant, instruisent les nouvelles
    Sur les moindres désirs de l’évêque adoré.

    Il ne demande pas qu’on se montre servile,
    Il lui suffit qu’on ait des manières civiles
    Et qu’on lui sache gré de son sens de l’humour.

    Vraiment, de ce prélat, la vie n’est pas infâme :
    Car, pour être une nonne, on n’en est pas moins femme,
    De toutes les vertus, la plus grande est l’amour.

  4. Le seigneur Paon Chromatique
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    Mon modeste plumage a des reflets dorés,
    Souvent, dans mon regard, surgit une étincelle ;
    Mon corps est un peu lourd, mais mon âme a des ailes,
    Je vole en un jardin vivement coloré.

    Ma muse chaque jour me taquine à son gré,
    Car je suis indulgent pour tout ce qui vient d’elle ;
    Même si mes chansons ne sont pas très nouvelles,
    Elles viennent à point pour me revigorer.

    Je rumine mes mots en parcourant la ville,
    Puis je suis accueilli de façon fort civile
    Par une tavernière aux aimables discours.

    Pour mon coeur vieillissant qui rarement s’enflamme
    Je me veux rassurant , ce sonnet je déclame,
    Moi qui sais que la rime est mon dernier recours.

  5. Révélation

    Aucun être ne peu être aussi adoré
    Que celui pour lequel mon regard étincelle.
    En toutes circonstances, il me donne des ailes,
    Grâce à lui l’avenir, je le vois coloré.

    J’ai tout quitté pour lui, presque contre mon gré,
    Non pas qu’il m’ait contraint à fuir ma citadelle,
    Comme le fait le froid, avec les hirondelles,
    Mais que l’amour avait mon esprit égaré.

    J’habite désormais, loin, très loin, de la ville,
    Et de son rythme fou, je ne suis plus servile,
    Seul celui des saisons, en cet Éden, a cours.

    J’aime par dessus tout lorsque l’automne enflamme
    Le chêne de l’abbaye et que le vent déclame,
    Agitant sa ramée, un envoûtant discours.

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