Poème 'L’albatros' de Charles BAUDELAIRE dans 'Les Fleurs du Mal'

L’albatros

Charles BAUDELAIRE
Recueil : "Les Fleurs du Mal"

Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.

Poème préféré des membres

Commentaires

  1. 40 ans après et toujours autant d'émotions

  2. La solitude du poète est la condition de la création artistique. L'image de l'albatros assimilé au Poète, évoque son aspiration vers l'Idéal, vers l'ailleurs " au fond de l'inconnu pour trouver le nouveau, enfer ou ciel n'importe". La parfaite architecture des vers nous rapproche de la vérité profonde de son ame.

  3. Enfin, j'ai trouvé un peu de temps pour écrire!
    Aujourd'hui ce sera un sonnet régulier
    En alexandrin et de type Pelletier
    Tercets en ccd ede, c'est à dire

    Composer avec contraintes est un élixir
    Qui a pour effet de poser sur le papier
    Des tas d'idées au caractère singulier
    Le monde inconscient semble tout d'un coup s'ouvrir

    Au premier abord on jurerait du contraire
    Que toute règle met la liberté à terre
    Il faut se garder d'un jugement trop hâtif

    Libres également sont les vers traditionnels
    L'albatros resterait cloué à son récif
    Si l'air n'offrait pas de résistance à ses ailes

    https://misquette.wordpress.com/2015/07/25/287-besoin-dair/

  4. Nef d’Entre-Deux-Mers
    ----------------

    Une modeste nef, un modeste équipage
    Sur les limpides flots bordant l’Entre-Deux-Mers ;
    Un tonneau de vin rouge est souvent du voyage,
    Plaisant à déguster au petit matin clair.

    Plus d’un marin du bord s’y connaît en cépages,
    C’est affaire de goût, c’est affaire de flair ;
    Nous les voyons passer, quand l’automne est dans l’air,
    Auprès de la taverne où vont boire les pages.

    Ces enfants monteront aussi sur cette barque,
    Depuis déjà longtemps ne buvant plus de lait ;
    Sur un fleuve et sur l’autre ils laisseront leur marque.

    Le rhapsode est semblable au marin de Garonne
    Qui lentement navigue, et boit quand ça lui plaît ;
    Habile à survoler tout ce qui l’environne.

  5. Oiseau plus ou moins inexistant
    ---------------

    Il ne redoute point les cruels équipages,
    Il est presque invisible au-dessus de la mer ;
    Nul n’a jamais connu le but de ses voyages,
    Son portrait n’est pas net, son dossier n’est pas clair.

    Le savant rédacteur du «Génie des Alpages»
    Dit que des poursuivants il déroute le flair;
    Son vol, ne produisant nulle rumeur dans l’air,
    Vers des lieux inconnus chaque fois le propage.

    J’ai trouvé l’autre jour un texte de Plutarque
    Qui de ce bel oiseau fort longuement parlait;
    Même, il fut émaillé de subtiles remarques.

    On l’a vu se poser auprès d’une baronne
    Afin de lui chanter un aimable couplet;
    Le mystère à présent pour toujours l’environne.

Rédiger un commentaire

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS