La chanson du petit hypertrophique
C’est d’un’ maladie d’ cœur
Qu’est mort’, m’a dit l’ docteur,
Tir-lan-laire
Ma pauv’ mère;
Et que j’irai là-bas,
Fair’ dodo z’avec elle.
J’entends mon cœur qui bat,
C’est maman qui m’appelle!On rit d’ moi dans les rues,
De mes min’s incongrues
La-i-tou!
D’enfant saoul;
Ah! Dieu! C’est qu’à chaqu’ pas
J’étouff’, moi, je chancelle!
J’entends mon cœur qui bat,
C’est maman qui m’appelle!Aussi j’ vais par les champs
Sangloter aux couchants,
La-ri-rette!
C’est bien bête.
Mais le soleil, j’ sais pas,
M’ semble un cœur qui ruisselle!
J’entends mon cœur qui bat,
C’est maman qui m’appelle!Ah! si la p’tit’ Gen’viève
Voulait d’ mon cœur qui s’ crève.
Pi-lou-i!
Ah, oui!
J’ suis jaune et triste, hélas!
Elle est ros’, gaie et belle!
J’entends mon cœur qui bat,
C’est maman qui m’appelle!Non, tout l’ monde est méchant,
Hors le cœur des couchants,
Tir-lan-laire!
Et ma mère,
Et j’ veux aller là-bas
Fair’ dodo z’avec elle…
Mon cœur bat, bat, bat, bat…
Dis, Maman, tu m’appelles?
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Jules LAFORGUE
Jules Laforgue, né à Montevideo le 16 août 1860 et mort à Paris le 20 août 1887, est un poète du mouvement décadent français. Né dans une famille qui avait émigré en espérant faire fortune, il est le deuxième de onze enfants. À l’âge de dix ans, il est envoyé en France, dans la ville de Tarbes d’où est originaire... [Lire la suite]
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