Poème 'Le cap Trinité' de Louis-Honoré FRÉCHETTE dans 'Les Oiseaux de neige'

Le cap Trinité

Louis-Honoré FRÉCHETTE
Recueil : "Les Oiseaux de neige"

C’est un bloc écrasant dont la crête surplombe
Au-dessus des flots noirs, et dont le front puissant
Domine le brouillard, et défie en passant
L’aile de la tempête et le choc de la trombe.

Énorme pan de roc, colosse menaçant
Dont le flanc narguerait le boulet et la bombe,
Qui monte d’un seul jet dans la nue, et retombe
Dans le gouffre insondable où sa base descend.

Quel caprice a dressé cette sombre muraille ?
Caprice ! qui le sait ? Hardi celui qui raille
Ces aveugles efforts de la fécondité !

Cette masse nourrit mille plantes vivaces ;
L’hirondelle des monts niche dans ses crevasses ;
Et le monstre farouche a sa paternité.

(1873)

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Commentaires

  1. Trinité Méconnue
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    Nous ne percevons pas tout ce qui nous surplombe ;
    Le cosmos, traversé par des êtres puissants,
    N’a pas souvent pitié de nous, pauvres passants,
    Et nos pauvres jardins sont noyés sous les trombes.

    Aristote a parlé d’un trio menaçant :
    Un Penseur obsédé par la fosse et la tombe,
    Un Guerrier dont le coeur s’enthousiasme et retombe,
    Un seigneur d’Inframonde, et vers lui tout descend.

    La Trinité s’abrite en de sombres murailles,
    Loin du sage qui songe et du barde qui raille ;
    Sur la porte un tracé, signe d’Éternité.

    Si chez nous, certains jours, la souffrance est ardente,
    Si ce monde est pareil à des cercles de Dante,
    Ils diront qu’ils en ont toute Paternité.

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