Poème 'Le Monde est un jardin' de Renée VIVIEN dans 'À l'heure des mains jointes'

Le Monde est un jardin

Renée VIVIEN
Recueil : "À l'heure des mains jointes"

Le monde est un jardin de plaisir et de mort,
Où l’ombre sous les bleus feuillages semble attendre,
Où la rose s’effeuille avec un bruit de cendre,
Où le parfum des lys est volontaire et fort ?

Parmi les lys nouveaux et les roses suprêmes,
Nous mêlons nos aveux à d’antiques sanglots…
Le monde est le jardin où tout meurt, les pavots
Et les sauges et les romarins et nous-mêmes.

Des rires sont cachés partout ; l’on sent courir
Au ras du sol les pieds invisibles des brises,
Et nous nous promènerons dans ce jardin, éprises
Et ferventes, sachant que nous devons mourir…

Nous allons au hasard de nos rêves, j’effleure
Ton col, et tes yeux sont comme un lac endormi.
Le soleil nous regarde avec des yeux d’ami,
Et nous ne songeons point à la fuite de l’heure.

Nous marchons lentement et notre ombre nous suit…
Le vent bruit avec un long frisson de traîne…
Nous qui ne parlons pas de notre mort certaine,
Avons-nous oublié l’approche de la nuit ?…

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Commentaires

  1. Dame des pavots
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    La dame des pavots souvent rêve de mort,
    Et son réveil, parfois, semble se faire attendre ;
    Et quand son regard voit le bois devenir cendre,
    Son coeur, si fatigué, ne peut plus battre fort.

    Un beau rêve nocturne est le plaisir suprême,
    Un sombre cauchemar se termine en sanglots…
    Qui voudra consoler la dame des pavots ?
    Il lui faudra compter, je crois, sur elle-même.

    Quand elle avait vingt ans, comme elle aimait courir !
    Rencontrer un bel homme au temps des douces brises,
    Parler de presque rien, se montrer fort éprise,
    Jamais, au grand jamais,ne songer à mourir…

  2. Belle Dame Sans Merci
    par le groupe Faun d'après John Keats
    (et mon adaptation)
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    „Was ist dein Schmerz, du armer Mann,
    so bleich zu sein und so gering,
    wo im verdorrten Schilf am See
    kein Vogel singt?“

    « Pauvre homme, quel est ton problème,
    Que tu sois si fragile et blême
    Auprès du lac, dans les roseaux,
    Loin des oiseaux ? »

    „Ich traf ein’ edle Frau am Rhein,
    die war so so schön – ein feenhaft’ Bild,
    ihr Haar war lang, ihr Gang war leicht,
    und ihr Blick wild.“

    « Au bord du Rhin fut une Dame
    Belle au point de ravir mon âme ;
    Très longs cheveux et jolis pieds,
    Oeil sans pitié !

    Ich hob sie auf mein weißes Ross,
    und was ich sah, das war nur sie,
    die mir zur Seit’ sich lehnt’ und sang
    ein Feenlied.

    Montant sur ma blanche cavale,
    Quelle compagne sans rivale !
    Serrée contre moi, et chantant
    Et m’envoûtant.

    Sie führt’ mich in ihr Grottenhaus,
    dort weinte sie und klagte sehr;
    drum schloss ich ihr wild-wildes Aug’
    mit Küssen vier.

    Nous fûmes jusqu’à sa tanière,
    Et comme elle eut tristes manières,
    J’offris à son coeur embrasé
    Quatre baisers.

    Da hat sie mich in Schlaf gewiegt,
    da träumte ich – die Nacht voll Leid! –,
    und Schatten folgen mir seitdem
    zu jeder Zeit.

    Et puis j’ai dormi auprès d’elle,
    Bercé par des ombres cruelles ;
    Dès lors, je suis dans le tourment
    À tout moment.

    Sah König bleich und Königskind
    todbleiche Ritter, Mann an Mann;
    die schrien: „La belle dame sans merci
    hält dich in Bann!“

    Le roi pâle et son enfant blême,
    Les vaillants morts, pâles eux-mêmes,
    Criant : "La dame sans merci,
    Te charme ainsi !"

    „Drum muss ich hier sein und allein
    und wandeln bleich und so gering,
    wo im verdorrten Schilf am See
    kein Vogel singt.“

    C’est pourquoi je dois ici même
    Déambuler, fragile et blême,
    Auprès du lac, dans les roseaux,
    Loin des oiseaux. »

  3. nonj

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