Poème 'L’impossible équipage' de ATOS

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L’impossible équipage

ATOS

Sous l’aube blanche de ses famines
et repu du lait noir de ses nuits,
l’homme pénètre dans l’arche de ses jours.
Voilà donc sa solitude en équipage !

Ulysse commence son voyage.

Il porte en bagage sa détresse
et ses promesses en poupe.
Il est est à la proue de son œuvre
et aspire la tempête de ses doutes.

Il a le ciel et mille cartes pour prière .
Il a la terre et son refuge en chaumière.
Il a la mer et le monde en bannière.
Son œil est un cyclone, et ses mains,
récifs enfantés par les flots,
lancent aux étoiles le filin d’or
qu’il tresse sur sa route.

Voici donc l’insolent marin .

Ne pouvant échapper aux vagues,
il plante sa dérive, et surgit hors des ports ,
Assurant son allure,
il saisit sa gourde de peau et se gorge d’aventures.

Il est à lui seul la portance de ce vaisseau .
Il est le ciel et déverse la terre
Il est la mer et submerge le ciel
Il est la terre et recouvre la mer.
Partout se parle le langage de son voyage.

Par quel mystère amène t il à lui même un radeau ?
La peur peut être de ne point se connaître courageux.
Noé est à présent à son bord et inspecte les flots.
Quel sort réserve-t-il à ce vaisseau ?

Mais l’aurore les nourrit lorsque la nuit les dévorent.
Un bateau ne peut avoir deux maîtres,
Il leur faut se convaincre de toucher la terre
et refermer la mer à leurs yeux.

Ils déposent l’arche aux portes du désert .
Ulysse passera les enfers si Noé tombe dans l’eau.
Mais voici Noé au sec et Ulysse pleure contre la terre.
Voilà donc cette galère qui par grain de misère
échoue loin de ses rêves.
Triste paresse d’équipage,
qui n’adresse au ciel que le poids de ses chaînes
et balance dans son ventre l’ancre de son destin.

Le voici donc ce mendiant à l’aube déchirée
tendant sa sébile de fer blanc aux portes de la nuit.
Ulysse n’est plus en vogue,
ses mains saignent l’absence du filin,
et dans cette éternité le voici qui se met à trembler.

L’odyssée d’un naufrage ne chante aucun voyage.
Alors Ulysse se tait.
Noé lui a volé bien plus que son vaisseau.
C’est dans son voyage que le marin transportait son âme.
Noé, lui, ne voulait sauver que sa peau.

Extrait du recueil « Ynys Avallach »,
Les éditions du Littéraire – La bibliothèque de Babel
juin 2014 – ISBN-13 : 978-2919318223

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