Poème 'Morts inquiets' de Renée VIVIEN dans 'Études et préludes'

Morts inquiets

Renée VIVIEN
Recueil : "Études et préludes"

L’éclat de la fanfare et l’orgueil des cymbales,
Réveillant les échos, se prolongent là-bas,
Et, sous l’herbe sans fleurs des fosses martiales,
Les guerriers assoupis rêvent d’anciens combats.

Ils ne s’enivrent point des moiteurs de la terre
Tiède de baisers las et de souffles enfuis…
Seuls, ils ne goûtent point l’enveloppant mystère,
La paix et le parfum des immuables nuits.

Car leur sépulcre est plein de cris et de fumée
Et, devant leurs yeux clos en de pâles torpeurs,
Passe la vision de la plaine embrumée
D’haleines, de poussière et de rouges vapeurs.

Ils attendent, tout prêts à se lever encore,
Les premières lueurs, le clairon du réveil,
Le lourd piétinement des chevaux à l’aurore,
Les chansons du départ… et la marche au soleil !

Que le ciel triomphal du couchant leur rappelle
Les vieux champs de bataille et de gloire, en versant
L’écarlate sinistre et la pourpre cruelle
De ses reflets, pareils aux larges flots de sang !

Que le vent, aux clameurs de victoire et de rage,
Le vent qui dispersait la cendre des foyers,
Mêle à leur tombe ardente, avec un bruit d’orage,
Le superbe frisson des drapeaux déployés !

Poème préféré des membres

Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.

Commentaires

  1. Sankt Regenbogen
    ----------------------

    Sa vie se déroula sur une exoplanète
    Où il fut confesseur des vivants et des morts ;
    Je ne sais comment sont les membres de son corps,
    Mais je sais que son âme est quasiment parfaite.

    Lui, de sang et de chair, mais au coeur de prophète,
    Des miracles il fit par ses regards si forts ;
    Les démons n’osaient plus s’aventurer dehors,
    On entendait gémir leur foule stupéfaite.

    Au fond d’une chapelle on peut voir son portrait
    Que, dans mon jeune temps, un moine me montrait,
    Et je m’agenouillais pendant quelques secondes.

    De l’avoir avec eux, les anges sont ravis ;
    On dit qu’en leur jardin, l’autre jour, on le vit
    Longuement converser avec l’Âme du Monde.

  2. Le Seigneur Coquillard
    ----------

    C’est un vieux pèlerin qui parcourt la planète,
    Priant pour le salut des vivants et des morts ;
    Rayonnante est son âme, ascétique est son corps,
    Parfaitement heureux de sa vie imparfaite.

    Sa mère, une vestale, et son père, un prophète,
    Lui permirent de croître et d’être un homme fort ;
    Car il se sent chez lui, passant sa vie dehors
    Et donnant des leçons aux foules stupéfaites.

    Mon grand-père, jadis, me montra son portrait,
    Des poèmes aussi, d’un grand recueil extraits ;
    J’en trouvais la saveur à nulle autre seconde.

    De vivre en vagabond, ce bonhomme est ravi ;
    Il a peu de besoins, qui sont vite assouvis,
    Lui dont le seul amour est la beauté du monde.

Rédiger un commentaire

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS