Poème 'Pareil printemps' de ATOS

On s’ décroche des branches
On se reptile
On s’entre loup
on se langue de chat
on se tremble de bois
on se sangle de ronces et de froid
on se meule en poudre de soi
on plante, on gueule on s’abreuve
on plonge à genoux
on se racine
à la boue
à la tourbe
au creux
au moindre bruit
qui se cache sous un pas
On s’ secoue les bords,
les rives et les bouts d’ laine
on court à temps
ça hune
à la dune
sous le poil
y a deux ailes
on cœur content
on bat tambour
on s’aime comme des oies
on ment comme verglas
on se frétille
on se délice la lune
on s’écorce et on se fend
on papille on miroite
on bourgeonne et puis on sève
juste un petit peu
entre la nuit et son diamant
on se pouline, on s’agnelle
on bêle, on perle, on goutte,
on se niche on se couve
on a faim on mendie
on attend
ça fourmi, ça grenouille
et ça graine et ça treille,
on enfile les mouches
on renifle le bon taon
on gobe un œil de goéland
on se racle les jours de chiendent
en grimpant sur une feuille dans le vent
et on se rêve à pas de géant.
Tout pareil au printemps.