Poème 'Pasiphaé' de Théodore de BANVILLE dans 'Les princesses'

Pasiphaé

Théodore de BANVILLE
Recueil : "Les princesses"

Hic crudelis amor tauri, suppostaque furto
Pasiphaë…
Virgile, Enéide, liv. VI.

Ainsi Pasiphaé, la fille du Soleil,
Cachant dans sa poitrine une fureur secrète,
Poursuivait à grands cris parmi les monts de Crète
Un taureau monstrueux au poil roux et vermeil,

Puis, sur un roc géant au Caucase pareil,
Lasse de le chercher de retraite en retraite,
Le trouvait endormi sur quelque noire crête,
Et, les seins palpitants, contemplait son sommeil ;

Ainsi notre âme en feu, qui sous le désir saigne,
Dans son vol haletant de vertige, dédaigne
Les abris verdoyants, les fleuves de cristal,

Et, fuyant du vrai beau la source savoureuse,
Poursuit dans les déserts du sauvage Idéal
Quelque monstre effrayant dont elle est amoureuse.

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Commentaires

  1. Corbeau de légende
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    Un corbeau magicien dévore le soleil,
    Puis il le restitue, pour des raisons secrètes ;
    Cet animal, loin d’être un pur anachorète,
    Aime la rouge viande, aime le sang vermeil,

    Et souvent s’évertue à tromper ses pareils.
    Il sait sonner la charge ainsi que la retraite,
    Mais il montre un humour au ras des pâquerettes.
    Le sorcier du pays, dans son état d’éveil,

    Lui offre la liqueur que les érables saignent,
    Mêlée d’un peu de rhum (que point il ne dédaigne,
    Du moment que la coupe est du plus pur cristal) ;

    Qu’importe du Grand Nord la saison rigoureuse !
    Le chamane et l’oiseau, libérant leur mental,
    Échangent longuement des blagues savoureuses.

  2. Dame de sinople
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    La dame de sinople a tiré du soleil
    Un de ses rayons d’or aux textures secrètes ;
    Elle voudrait l’offrir à des anachorètes
    En échange, dit-on, d’un miroir de vermeil ;

    Le rayon ne va pas regretter ses pareils,
    Il a depuis deux ans l’âge de la retraite ;
    Plutôt que de dormir parmi les pâquerettes,
    Avec la dame il peut partager son éveil.

    En perdant un rayon, le soleil point ne saigne,
    Et nul anachorète un tel don ne dédaigne ;
    Pas plus qu’il ne refuse un anneau de cristal.

    Ce trait d’or adoucit la saison rigoureuse,
    Il éclaire le coeur ainsi que le mental :
    C’est ce que fait aussi la dame savoureuse.

  3. Poule impériale et royale
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    La poule courtisane avance au grand soleil,
    Ourdissant en son coeur des intrigues secrètes ;
    Dans sa soif de pouvoir, dit-on, rien ne l’arrête,
    Depuis le point du jour, jusqu’au couchant vermeil.

    L’empereur est un coq n’ayant pas son pareil,
    Mais son coeur se fatigue, il songe à la retraite ;
    À ce grand changement la noble poule est prête,
    Son oeil machiavélique est toujours en éveil.

    Or, l’impériale cour dans les scandales baigne,
    Ce que nul plumitif, sachez-le, ne dédaigne,
    Ni le sorcier lisant sa boule de cristal.

    La poule a combiné, de façon rigoureuse,
    Un plan assez subtil, labyrinthe mental,
    La chronique bientôt deviendra savoureuse.

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