Poème 'Pégase' de Théodore de BANVILLE dans 'Sonnailles et Clochettes'

Pégase

Théodore de BANVILLE
Recueil : "Sonnailles et Clochettes"

Le poëte qui dans l’extase,
O Muse, fait ce que tu veux,
Est monté sur le blanc Pégase,
En l’empoignant par les cheveux.

Au-dessus d’eux le ciel flamboie,
Et le cheval fier et subtil
Dit au poëte plein de joie:
Où dois-je aller? Que te faut-il?

Veux-tu le trône au dais de moire
Que l’homme regarde en rêvant,
Ou ce vain murmure, la gloire,
Qui s’éparpille dans le vent?

Veux-tu suivre en ses nobles crimes
La Guerre au souffle meurtrier,
Ou sur ton beau front plein de rimes
Avoir l’ombre du noir laurier?

Traversant la mer inféconde,
Plus rapide que le zéphyr,
Tu pourras dépouiller Golconde
Et cueillir les perles d’Ophir!

Je puis te donner une Omphale
Aux cheveux baisés par le jour,
Et la richesse triomphale,
Et ce que l’on appelle: Amour!

Et tu n’as qu’à parler, poëte,
Pour vêtir de riches habits,
Si tu veux boire un vin de fête
Dans une coupe de rubis.

En ta colère impétueuse,
Tu verras tomber sur ton flanc
Une pourpre voluptueuse,
Ayant le rouge éclat du sang.

Tu peux tenir ma chevelure
Qui frissonne en tes blanches mains.
Rien ne ralentit mon allure
Et je connais tous les chemins.

J’arrive, d’une aile guerrière,
Jusqu’aux Dieux, sur le pavé d’or.
Tout me cède, et nulle barrière
Ne peut arrêter mon essor.

Je sais voler comme les aigles
Et bondir comme les lions,
Sans briser le rhythme et ses règles.
Où te plaît-il que nous allions?

Ainsi parle, voix ingénue,
Pégase, le hardi cheval
Qui dans l’orage et dans la nue
Devance l’éclair, son rival.

Déchirant l’azur et le soufre,
Il dit encor, dans la rumeur
Des astres, et dans l’or du gouffre:
Où vais-je te mener, rimeur?

Et le poëte, en ses prunelles
Ayant le ciel oriental
Brillant de clartés éternelles,
Dit: Tu sais bien. A l’hôpital!

3 septembre 1889.

Poème préféré des membres

Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.

Commentaires

  1. Le concombre masqué vole à bord d'une enclume
    Pour aller récolter la pomme d'arc-en-ciel.
    Fort de cette mission (qui n'a rien d'officiel)
    Il recrute un chou-rave et plein d'autres légumes.

    Noire comme l'enfer soit l'encre de ma plume
    Pour narrer du héros les exploits démentiels !
    L'arc-en-ciel, béni par un sort providentiel,
    Portait un fruit cent fois plus gros que de coutume.

    Lorsqu'il eut embarqué la pomme gigantesque,
    Le concombre sourit, car sa mission est presque
    Accomplie, le butin est presque acheminé.

    Mais dans un grand virage, il dérape, il capote,
    L'enclume en marmelade et la pomme en compote
    Sur Newton que Gotlib venait de dessiner.

  2. Sagesse de Pégase
    ----------

    Héphaïstos forgea mes fers sur son enclume,
    Avec lesquels je peux marcher sur l’arc-en-ciel ;
    Mais, que je sois un dieu, ce n’est pas officiel,
    Et mon corps n’est pas fait de transcendante écume.

    Homère au temps jadis me consacra sa plume,
    J’ai figuré parmi des guerriers démentiels ;
    Envers plusieurs d’entre eux, je fus providentiel,
    Je montais à l’assaut, car telle est ma coutume.

    Ce fut pour affronter des monstres gigantesques,
    Ils poussaient de grands cris, ils me faisaient peur, presque,
    Je leur parlais en face, et sans me débiner.

    Au temps de sa galère, Ulysse fut mon pote,
    J’ai franchi avec lui l’océan qui clapote ;
    Sur un vase précieux cela fut dessiné.

Rédiger un commentaire

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS