Poème 'Quand la fureur, qui bat les grands coupeaux' de Joachim DU BELLAY dans 'L'Olive'

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Quand la fureur, qui bat les grands coupeaux

Joachim DU BELLAY
Recueil : "L'Olive"

Quand la fureur, qui bat les grands coupeaux,
Hors de mon cœur l’Olive arrachera,
Avec le chien le loup se couchera,
Fidèle garde aux timides troupeaux.

Le ciel, qui voit avec tant de flambeaux,
Le violent de son cours cessera,
Le feu sans chaud, et sans clarté sera,
Obscur le rond des deux astres plus beaux.

Tous animaux changeront de séjour
L’un avec l’autre, et au plus clair du jour
Ressemblera la nuit humide, et sombre,

Des prés seront semblables les couleurs,
La mer sans eau, et les forêts sans ombre,
Et sans odeur les roses, et les fleurs.

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Commentaires

  1. Sagesse du crapaud
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    Au fond du parc est un sage crapaud
    Avec un peu de folie dans la tête.
    Vous lui trouvez une allure distraite :
    Il est songeur, ne suivant nul troupeau.

    À l'heure noire où j'allume un flambeau
    Pour que le parc arbore un air de fête,
    Il se concentre, ainsi qu'un vieux poète
    Triant les mots pour garder les plus beaux.

    Que cherche-t-il en son calme séjour ?
    À quoi joue-t-il, la nuit comme le jour ?
    C'est de blasons que vit cet esprit sombre ;

    Il assortit les meubles, les couleurs,
    Les partitions, les brisures sans nombre ;
    De l'héraldique, il cultive les fleurs.

  2. Ange-crapaud
    ---------------

    Il se souvient qu’il était un crapaud ;
    Dont il lui reste une sagesse en tête,
    Son âme est pure, et n’est jamais distraite,
    Cet ange-là ne vit pas en troupeau.

    Je peux le voir aux lueurs des flambeaux
    Lorsque le monde arbore un air de fête,
    C’est un plaisir pour un très vieux poète,
    Cet ange-là fait partie des plus beaux.

    Notre planète, en fait-il son séjour ?
    Et s’y tient-il, la nuit comme le jour ?
    De quel blason s’orne cet esprit sombre ?

    Je n’ai pas vu le meuble, la couleur,
    La partition, les enquerres sans nombre ;
    Car l’héraldique est sa secrète fleur.

  3. Démon berger
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    C’est un démon à face de crapaud
    Qui, l’autre jour, voulant changer de tête ;
    Se fit agneau, qui est charmante bête,
    Puis fut élu berger de son troupeau.

    L’ancien gardien repose en un tombeau,
    En qui vibrait une âme de prophète ;
    Le faux agneau se prend pour un poète,
    Il s’aventure en quelques jeux verbaux.

    Le grand bélier s’approche d’un pas lourd,
    Lui adressant un menaçant discours ;
    -- Quitte ces lieux, descends parmi les ombres !

    Voici l’agneau qui change de couleur ;
    Intimidé par ces paroles sombres,
    Il se transforme en innocente fleur.

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Joachim DU BELLAY

Portait de Joachim DU BELLAY

Joachim du Bellay est un poète français né vers 1522 à Liré en Anjou, et mort le 1er janvier 1560 à Paris. Sa rencontre avec Pierre de Ronsard fut à l’origine de la formation de la « Pléiade », groupe de poètes auquel Du Bellay donna son manifeste, « la Défense et illustration de la langue... [Lire la suite]

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