Poème 'Remémoration d’amis belges' de Stéphane MALLARME dans 'Poésies'

Remémoration d’amis belges

Stéphane MALLARME
Recueil : "Poésies"

A des heures et sans que tel souffle l’émeuve
Toute la vétusté presque couleur encens
Comme furtive d’elle et visible je sens
Que se dévêt pli selon pli la pierre veuve

Flotte ou semble par soi n’apporter une preuve
Sinon d’épandre pour baume antique le temps
Nous immémoriaux quelques-uns si contents
Sur la soudaineté de notre amitié neuve

Ô très chers rencontrés en le jamais banal
Bruges multipliant l’aube au défunt canal
Avec la promenade éparse de maint cygne

Quand solennellement cette cité m’apprit
Lesquels entre ses fils un autre vol désigne
A prompte irradier ainsi qu’aile l’esprit.

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Commentaires

  1. Arbrisseau
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    Au matin printanier, quand les oiseaux s’émeuvent,
    La fleur d’un petit arbre exhale son encens ;
    Sur mon banc de jardin, confusément, je sens
    Que la branche, demain, de la fleur sera veuve.

    Ce jardin si changeant, serait-il une preuve
    Que tout doit s’altérer, au passage du temps ?
    Chaque nouvel avril, les oiseaux sont contents
    De rencontrer sur l’arbre une floraison neuve.

    Un cloporte, arborant son costume banal,
    Traverse un filet d’eau, qu’il prend pour un canal ;
    Un plan d’eau minuscule, où ne vogue nul cygne.

    De toutes les leçons que ce jardin m’apprit,
    Voici celle qui plaît, ce jour, à mon esprit :
    Si j’aime le raisin, je dois aimer la vigne.

  2. Couleur indéfinissable
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    Autour de quelques fleurs les insectes se meuvent,
    Volant et bourdonnant, jamais ne se lassant ;
    Un peu plus loin, par terre, un lombric va glissant,
    Qui de rosée du jour avidement s’abreuve.

    Te raconter ces fleurs, mes rimes ne le peuvent,
    Que je dépose ici, le monde reflétant ;
    Je me sais malhabile et j’insiste, pourtant,
    Les phrases que j’écris ne sont pas vraiment neuves.

    Je chante la magie de ce monde banal,
    Sous le beau ciel d’azur que reflète un canal ;
    Mais souvent je m’arrête au bout de quelques signes.

    Je pratique un métier que je n’ai pas appris,
    En désordre, des mots me viennent à l’esprit,
    Que tu peux voir ici, dans ces quatorze lignes.

  3. Lapinot de chez Trondheim
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    Quand il quitte ce monde, un tas de gens s’émeuvent ;
    Il revient à la vie dans un album récent,
    Ce qui rend son destin vraiment intéressant
    Mais l’on ne nous dit pas ce que devient sa veuve.

    D’un monde parallèle il semble être une preuve
    Ou d’un embranchement dans le décours du temps ;
    Un premier résultat, ses lecteurs sont contents
    De lui voir étrenner une aventure neuve.

    Messire Lapinot n’est point un mec banal,
    Entre deux univers il découvre un canal ;
    L’avant-dernier album n’est pas son chant du cygne.

    De toutes les leçons que ce lapin m’apprit,
    Laquelle m’a donc vu plus perplexe, et surpris ?
    C’est de Patagonie les carottes insignes.

  4. Floraison discrète
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    Jardin sur la berge du fleuve,
    On y voit de rares passants :
    Oiseaux jamais ne se lassant
    De chanter, qu’il vente ou qu’il pleuve.

    J’y vois cette fleur toute neuve,
    Elle qui vivra peu de temps ;
    Moi qui ai vu tant de printemps,
    Toujours de beauté je m’abreuve.

    Auprès du chemin vicinal,
    Le pavot, petit cardinal,
    Me reconnaît et me fait signe.

    De telles fleurs n’ont pas de prix ;
    Elles éveillent mon esprit
    Comme fait le vin de nos vignes.

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