Poème 'Sonnet au lecteur' de Alfred de MUSSET dans 'Poésies nouvelles'

Sonnet au lecteur

Alfred de MUSSET
Recueil : "Poésies nouvelles"

Jusqu’à présent, lecteur, suivant l’antique usage,
Je te disais bonjour à la première page.
Mon livre, cette fois, se ferme moins gaiement ;
En vérité, ce siècle est un mauvais moment.

Tout s’en va, les plaisirs et les moeurs d’un autre âge,
Les rois, les dieux vaincus, le hasard triomphant,
Rosafinde et Suzon qui me trouvent trop sage,
Lamartine vieilli qui me traite en enfant.

La politique, hélas ! voilà notre misère.
Mes meilleurs ennemis me conseillent d’en faire.
Être rouge ce soir, blanc demain, ma foi, non.

Je veux, quand on m’a lu, qu’on puisse me relire.
Si deux noms, par hasard, s’embrouillent sur ma lyre,
Ce ne sera jamais que Ninette ou Ninon.

Poème préféré des membres

Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.

Commentaires

  1. Moine-cerf
    --------

    J'écoute ce prêcheur au prodigieux visage,
    De tout ce qu'il exprime, on ferait un roman
    De trois cents, de cinq cents, même de mille pages ;
    Il foisonne de mots, je ne sais pas comment.

    Sa ramure imposante indique son grand âge ;
    Depuis toujours, j'ai vu ce moine triomphant
    Venir nous abreuver de sa parole sage,
    Instruisant à la fois le vieillard et l'enfant.

    Or, tous les villageois en oublient leur misère,
    Ils comprennent enfin qu'il ne faut pas s'en faire,
    Ni se décourager pour un oui, pour un non.

    Si ce barde écrivait, nous aimerions le lire,
    Conserver dans nos murs l'empreinte de sa lyre,
    Les mots mirobolants qui firent son renom.

  2. Docte Goupil
    ----------

    Maître Goupil, dit-on, de ce monde a l’usage,
    Des trésors de sa ruse on a fait un roman ;
    En des temps très anciens j’en ai lu quelques pages,
    Et même des extraits traduits en allemand.

    En deux ou trois sonnets je lui rendis hommage
    Afin de le dépeindre en héros triomphant ;
    Car il sut du corbeau susciter le ramage,
    Pour notre amusement, pour celui des enfants.

    C’est un bon compagnon pour les jours de misère ;
    Ceux qui de l’imiter autrefois s’avisèrent
    Eurent moins de tourment, ne dites pas que non.

    Le renard n’écrit pas, mais il sait très bien lire ;
    Il aime rencontrer la science et le délire,
    Ainsi que les auteurs qui célèbrent son nom.

Rédiger un commentaire

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS