Poème 'Supplique d’un Bonsaï' de Maninred

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Supplique d’un Bonsaï

Maninred

Je rêve tant de fois ce que j’aurais pu être :
Un chêne somptueux accueillant tant d’oiseaux,
Que leurs voix et leur chants répandraient leurs échos,
En deçà des contrées où vivaient mes ancêtres.

Mes racines goulues arpenteraient secrètes
Des déserts inédits de terres souterraines
Et prendraient tout au fond, l’eau pure souveraine,
Tenue jalousement à l’écart des prophètes.

Mon feuillage infini verdirait le tableau
D’un champ aux ocres plats autrefois si prospères,
Et mon ombre en fraîcheur formerait un drapeau,
Occultant les baisers des amours éphémères.

J’aurais pu, c’est certain, arrêter les comètes,
Orner d’ors étoilés le sommet de mes tiges,
Si bien que les humains en renversant leur tête
Ivres par ma grandeur, auraient eu le vertige.

Je défierais la foudre et l’orage indocile
Mon écorce froncée cacherait le récit
Des temps ensanglantés par des guerres futiles
Dont je fus malgré moi, lui témoin asservi.

J’aurais pu…mais hélas, des hommes sans scrupules
M’ont tordu, amputé, amoindri, entravé,
J’ai dépassé cent ans, ma taille ridicule
Est l’objet de leur culte abject et dépravé.

Nain difforme et meurtri, vile miniature
Ebauche racornie de mes frères géants,
Je suis à leur envi l’étrange créature,
Tronquée par leurs forfaits immondes et navrants

Vous ne saurez jamais l’acmé de ma souffrance,
Compacté dans ce pot sur une once de terre.
Faut-il que la raison ait quitté votre engeance
Pour me traiter ainsi, bourreaux de l’univers ?

Que le vrai créateur des oiseaux et des plantes
Empêche vos forfaits cruels et dégradants.
Qu’il mette un point final à ma vie d’épouvante
Aux mille cauchemars, sans réveil apaisant.

Et dans le paradis des chênes séculaires
Je trouverai enfin la paix des bienheureux
J’oublierai mon séjour, ici-bas sur la terre,
Et la morgue de ceux qui jouent à « je suis Dieu ».

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