Poème 'Tombe isolée' de Louis-Honoré FRÉCHETTE dans 'Les Oiseaux de neige'

Tombe isolée

Louis-Honoré FRÉCHETTE
Recueil : "Les Oiseaux de neige"

À Varennes, pays de calme et de bien-être,
Au milieu d’un enclos ombragé de grands fûts,
Blanche, parmi le vert des herbages touffus
Une pierre tombale est là sous ma fenêtre.

Pauvre mort délaissé ! je ne veux rien connaître
Ni même soupçonner rien de ce que tu fus ;
Pourtant à ta pensée un sentiment confus
De troublante pitié me hante et me pénètre.

Serait-ce que la mort elle-même a le don
Au-delà du cercueil de sentir l’abandon ?
La tombe a-t-elle aussi ses ennuis ? non sans doute ;

Mais le cœur, pauvre cœur ― à quoi bon le nier ? ―
Est bien fait pour aimer sans fin, puisqu’il redoute
Jusqu’au fond du tombeau l’isolement dernier.

(1899)

Poème préféré des membres

Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.

Commentaires

  1. À Fréchette, ce digne et sage homme de lettres,
    Je dis que je le crois poète, s'il en fut.
    Il chante l'océan et les taillis touffus,
    Vers l'infini du monde il ouvre une fenêtre.

    Il chante le ciel noir et les vents assidus,
    Puis les âges sans voix que l'on ne peut connaître ;
    Le brave homme de Dieu qui chez l'Indien pénètre
    Et l'arbre qui frémit de ses bras éperdus.

    Il parle d'amitié, de souvenirs, de dons,
    Mais aussi du malheur d'une âme à l'abandon ;
    Son dur alexandrin n'est point sujet au doute.

    Son pas est assuré sur les étroits sentiers ;
    La muse le défie sans qu'il ne la redoute,
    Bon artisan qu'il est, maître dans son métier.

Rédiger un commentaire

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS