Poème 'A la mémoire de Gambetta' de Charles CROS dans 'Le collier de griffes'

A la mémoire de Gambetta

Charles CROS
Recueil : "Le collier de griffes"

Le grand Lion est mort. Il reste les renards,
Les fouines, les chiens, les rats et les lézards.
Ces bêtes ne sont pas absolument impures
Elles savent manger nos plus sales ordures
Et peuvent nettoyer nos plus puants égouts ;
Mais, Lui le grand Lion, n’avait pas de ces goûts,
Il allait à travers la Forêt séculaire,
Et sans souci d’ailleurs de plaire ou de déplaire
Posait sa bonne patte onglée entre les houx
Des clôtures, et sur les sages rangs de choux,
Que les Tranquilles, que les Lâches (trois ou quatre
En France) arrosent sans penser qu’on va se battre.
La patte onglée était belle, écrasant les choux ;
Et vous lézards, vous chiens, rats, fouines et vous
Renards, qui vous rendra votre folle assurance ?

Le grand Lion est mort, dans la Forêt de France.

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Commentaires

  1. Planète des renards
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    J’ai rêvé que j’errais au Pays des Renards,
    Pas du tout rassuré, car j’étais un lézard ;
    Ne sachant si, pour eux, ma chair était impure,
    Je courus me cacher au milieu des ordures.

    J’hésitais à m’enfuir en suivant les égouts
    (Pour lesquels, sachez-le, je n’éprouve aucun goût),
    Et je finis par suivre un sentier séculaire
    Dont la pierre tiédie ne pouvait me déplaire.

    Les renards de ce lieu se nourrissaient de choux,
    Ne dévorant pas plus un lézard qu’un hibou ;
    J’ai, quand on me l’a dit, repris mon assurance,
    Et suivi mon chemin pour retourner en France.

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