Bouche usée
Le rire tenait sa bouteille
À la bouche riait la mort
Dans tous les lites où l’on dort
Le ciel sous tous les corps sommeilleUn clair ruban vert à l’oreille
Trois boules une bague en or
Elle porte sans effort
Une ombre aux lumières pareillePetite étoile des vapeurs
Au soir des mers sans voyageurs
Des mers que le ciel cruel fouilleDélices portées à la main
Plus douce poussière à la fin
Les branches perdues sous la rouille.
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Paul ÉLUARD
Paul Éluard, de son vrai nom Eugène Émile Paul Grindel (14 décembre 1895 à Saint-Denis – 18 novembre 1952 à Charenton-le-Pont ), est un poète français. C’est à l’âge de vingt et un ans qu’il choisit le nom de Paul Éluard, hérité de sa grand-mère, Félicie. Il adhère au dadaïsme et est l’un des... [Lire la suite]
Le barde offre à sa muse un peu d'une bouteille,
Il trinque à la santé de tous ses copains morts ;
Pour cela, pas très tard, notre muse s'endort
Et le barde, lui-même, à sa table sommeille.
Les propos des buveurs amusent ses oreilles ;
Il leur dit : « Compagnons, ce soir vous parlez d'or. »
Leur esprit, cependant, n'est pas plein à ras bord,
Proposant, chaque soir, des histoires pareilles.
Dans l'auberge envahie par les sombres vapeurs
Des alcools que le bar propose aux voyageurs,
Cherchant l'inspiration, le barde creuse et fouille,
Les feuilles de papier noircissent sous sa main
(À moins que ce ne soient des bouts de parchemin) ;
Sa plume, à grands efforts, d'un vers se dépatouille.
Le rire tenait sa bouteille,
A la bouche riait la mort!!!