Poème 'C’était ores, c’était qu’à moi je devais vivre' de Joachim DU BELLAY dans 'Les Regrets'

Accueil > Les poètes > Poèmes et biographie de Joachim DU BELLAY > C’était ores, c’était qu’à moi je devais vivre

C’était ores, c’était qu’à moi je devais vivre

Joachim DU BELLAY
Recueil : "Les Regrets"

C’était ores, c’était qu’à moi je devais vivre,
Sans vouloir être plus que cela que je suis,
Et qu’heureux je devais de ce peu que je puis
Vivre content du bien de la plume et du livre.

Mais il n’a plu aux dieux me permettre de suivre
Ma jeune liberté, ni faire que depuis
Je vécusse aussi franc de travaux et d’ennuis,
Comme d’ambition j’étais franc et délivre.

Il ne leur a pas plu qu’en ma vieille saison
Je susse quel bien c’est de vivre en sa maison,
De vivre entre les siens sans crainte et sans envie :

Il leur a plu (hélas) qu’à ce bord étranger
Je visse ma franchise en prison se changer,
Et la fleur de mes ans en l’hiver de ma vie.

Poème préféré des membres

Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.

Commentaires

  1. Du Bellay, dont le chant nous montre un art de vivre,
    Combien, pour mes sonnets, redevable te suis !
    Et te le dire à toi, certes, je ne le puis ;
    Mais à tous ceux qui font louange de tes livres.
    *
    Que de plaisir j'éprouve à t'apprendre et te suivre !
    Ce m'est breuvage issu d'un rafraîchissant puits.
    Je consomme ton oeuvre, oubliant mes ennuis,
    Du sombre quotidien tes couleurs me délivrent.
    *
    Devenu rimailleur en ma vieille saison,
    Pour cultiver ce don, je reste en ma maison,
    Car les explorations ne me font plus envie.
    *
    Ce temps qui est le tien, il m'est moins étranger
    Que le siècle présent, que je ne puis changer.
    Merci pour ta visite en l'hiver de ma vie !
    *
    *
    *
    http://www.lesmotsenfolie.net/t1984-c-etait-dehors#10877

  2. Beau, ce commentaire, Cochonfucius!

  3. Merci du compliment.

  4. Vigne d'or
    ----------

    Griffon d’argent, la vigne est ta raison de vivre :
    Aussi, ne t’en fais pas, sur ce plan, je te suis.
    Un vignoble, un figuier, une cabane, un puits,
    Ce peu d’installations du souci nous délivre.

    Du roi des animaux, qui peut la trace suivre ?
    D’autres le tenteront ; pour moi, je ne le puis,
    Car s’approcher d’un roi ne vaut que des ennuis,
    (C’est probablement vrai, je l’ai lu dans un livre.)

    En ma fin de carrière, en ma vieille saison,
    J’inspecte mes papiers, je range ma maison ;
    D’être fauve ou griffon, je n’en ai nulle envie.

    Sur le point d’habiter un terroir étranger,
    J’imagine ce qui, pour moi, devra changer :
    Je fais des provisions pour l’hiver de ma vie.

Trackbacks
  1. Piaf-Tonnerre au labyrinthe | Pays de poésie

Rédiger un commentaire

Joachim DU BELLAY

Portait de Joachim DU BELLAY

Joachim du Bellay est un poète français né vers 1522 à Liré en Anjou, et mort le 1er janvier 1560 à Paris. Sa rencontre avec Pierre de Ronsard fut à l’origine de la formation de la « Pléiade », groupe de poètes auquel Du Bellay donna son manifeste, « la Défense et illustration de la langue... [Lire la suite]

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS