Poème 'Chapelet' de Tristan CORBIERE dans 'Les Amours jaunes'

Chapelet

Tristan CORBIERE
Recueil : "Les Amours jaunes"

À moi, grand chapelet ! pour égrener mes plaintes,
Avec tous les Ave de Sa Perfeccion,
Son nom et tous les noms de ses Fêtes et Saintes…
Du Mardi-gras jusqu’à la Circoncicion :

Navaja-Dolorès-y-Crucificcion !
– Le Christ avait au moins son éponge d’absinthe… –
Quand donc arriverai-je à ton Ascencion !…
– Isaac Laquedem, prête-moi ta complainte.

O Todas-las-Santas ! Tes vitres sont pareilles,
Secundum ordinem, à ces fonds de bouteilles
Qu’on casse à coups de trique à la Quasimodo

Mais, ô Quasimodo, tu ne viens pas encore ;
Pour casse-tête, hélas ! je n’ai que ma mandore…
Se habla español : Paraque… raquando ?…

Poème préféré des membres

Nanouchkafab44 a ajouté ce poème parmi ses favoris.

Commentaires

  1. Charpentier suburbain
    -----------------------

    Le fils du charpentier se tient, sans une plainte,
    Dans un petit jardin, du côté de Bagneux,
    Sous le regard ému de deux vestales saintes ;
    À ses pieds, du gazon, certes parcimonieux.

    Nul ne vient lui porter son éponge d'absinthe,
    Nul ne croit qu'il dira des mots cérémonieux ;
    La foi des promeneurs est plus ou moins éteinte,
    Affublés qu'ils sont, tous, d'un bon sens besogneux.

    Tout près passent les trains. Les voyageurs sommeillent
    Ou bavardent entre eux, vidant quelques bouteilles,
    Sans voir le charpentier (qui leur tourne le dos) :

    Sauf quand, certains matins, se promène un rhapsode
    Qui dans son pauvre coeur grave cet épisode,
    Du quotidien banal écartant le rideau.

Rédiger un commentaire

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS