Poème 'Paysage mauvais' de Tristan CORBIERE dans 'Les Amours jaunes'

Paysage mauvais

Tristan CORBIERE
Recueil : "Les Amours jaunes"

Sables de vieux os – Le flot râle
Des glas : crevant bruit sur bruit…
– Palud pâle, où la lune avale
De gros vers, pour passer la nuit.

– Calme de peste, où la fièvre
Cuit… Le follet damné languit.
– Herbe puante où le lièvre
Est un sorcier poltron qui fuit.

– La Lavandière blanche étale
Des trépassés le linge sale,
Au soleil des loups… – Les crapauds,

Petits chantres mélancoliques
Empoisonnent de leurs coliques,
Les champignons, leurs escabeaux.

Marais de Guérande. – Avril.

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Commentaires

  1. Hérisson devenu vicomte
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    Portant couronne vicomtale,
    Il parcourt sa terre, sans bruit ;
    Sa pensée, que la lune avale,
    Éclaire une hivernale nuit.

    Il voit la sorcière amicale
    Dont la potion au chaudron cuit ;
    Il reçoit la lettre ducale
    Lui rappelant le temps qui fuit.

    Jamais sa fortune il n’étale,
    Ça serait des manières sales ;
    Ses coffres-forts sont des tombeaux.

    Vicomte un peu mélancolique,
    Il dicte ces vers bucoliques,
    Ayant pour trône un escabeau.

  2. Monstre hivernal
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    Créature bancale,
    Je marche dans la nuit ;
    Une lune amicale
    Sur mon errance luit.

    Pour guetter la vestale
    Je reste auprès du puits ;
    Dans l’ombre je m’installe,
    Un arbre est mon appui.

    Or, Cupidon délaisse
    Les gens de mon espèce ;
    J’irai vierge au tombeau.

    Je resterai pudique
    Au moment fatidique,
    J’éteindrai mon flambeau.

  3. * *
    ----

    De la distinction
    Dans cette extinction.

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