Comte, qui ne fis onc compte de la grandeur
Comte, qui ne fis onc compte de la grandeur,
Ton Du Bellay n’est plus : ce n’est plus qu’une souche
Qui dessus un ruisseau d’un dos courbé se couche,
Et n’a plus rien de vif, qu’un petit de verdeur.Si j’écris quelquefois, je n’écris point d’ardeur,
J’écris naïvement tout ce qu’au coeur me touche,
Soit de bien, soit de mal, comme il vient à la bouche,
En un style aussi lent que lente est ma froideur.Vous autres cependant, peintres de la nature,
Dont l’art n’est pas enclos dans une portraiture,
Contrefaites des vieux les ouvrages plus beaux.Quant à moi, je n’aspire à si haute louange,
Et ne sont mes portraits auprès de vos tableaux
Non plus qu’est un Janet auprès d’un Michel-Ange.
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Joachim DU BELLAY
Joachim du Bellay est un poète français né vers 1522 à Liré en Anjou, et mort le 1er janvier 1560 à Paris. Sa rencontre avec Pierre de Ronsard fut à l’origine de la formation de la « Pléiade », groupe de poètes auquel Du Bellay donna son manifeste, « la Défense et illustration de la langue... [Lire la suite]
- Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau...
- Ces cheveux d’or sont les liens Madame
- La nuit m’est courte, et le jour trop me...
- D'un vanneur de blé aux vents
- Déjà la nuit en son parc amassait
- Nouveau venu, qui cherches Rome en Rome
- Seigneur, je ne saurais regarder d'un bon...
- Ces cheveux d’or, ce front de marbre
- France, mère des arts, des armes et des lois
- J'aime la liberté, et languis en service
- Ne pense pas, Bouju, que les nymphes latines
- Que dirons-nous, Melin, de cette cour romaine
- Morel, quand quelquefois je perds le temps...
- Je ne suis pas de ceux qui robent la louange
- C'est ores, mon Vineus, mon cher Vineus,...
- Je ne découvre ici les mystères sacrés
- Doulcin, quand quelquefois je vois ces...
- En mille crespillons les cheveux se friser
- Tu dis que Du Bellay tient réputation
- De quelque autre sujet que j'écrive, Jodelle
- Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau... (12)
- Nouveau venu, qui cherches Rome en Rome (7)
- Encore que l'on eût heureusement compris (7)
- Astres cruels, et vous dieux inhumains (7)
- Seigneur, je ne saurais regarder d'un bon... (6)
- Celle qui de son chef les étoiles passait (6)
- C'était ores, c'était qu'à moi je devais... (6)
- Ô beaux cheveux d'argent mignonnement retors (5)
- Non autrement qu'on voit la pluvieuse nue (5)
- Le Babylonien ses hauts murs vantera (5)
Agonie à Roncevaux
---------------------
C’est le comte Roland, où donc est sa grandeur ?
Ce vaincu, ce mourant s’appuie contre une souche,
Son orgueil avec lui se flétrit et se couche,
Le voici regrettant son ancienne verdeur.
Or, en nulle occurrence il n’a manqué d’ardeur,
Mais le doigt de la Mort en cet instant le touche,
Plus d’épée en sa main, plus de cor en sa bouche,
Mais des membres mourants où s’en vient la froideur.
À Roncevaux, pourtant, sereine est la nature
Qui de son Créateur est une portraiture ;
Car jamais on ne vit un ouvrage plus beau.
Le poète impérial prépare une louange,
Les peintres de la Cour pensent à des tableaux,
Et, dans le ciel de Dieu, j’entends prier les anges.