Poème 'Dame sans trop d’ardeur…' de Stéphane MALLARME

Dame sans trop d’ardeur…

Stéphane MALLARME

Dame sans trop d’ardeur à la fois enflammant
La rose qui cruelle ou déchirée, et lasse
Même du blanc habit de pourpre, le délace
Pour ouïr dans sa chair pleurer le diamant

Oui, sans ces crises de rosée et gentiment
Ni brise quoique, avec, le ciel orageux passe
Jalouse d’apporter je ne sais quel espace
Au simple jour le jour très vrai du sentiment

Ne te semble-t-il pas, disons, que chaque année
Dont sur ton front renaît la grâce spontanée
Suffise selon quelque apparence et pour moi

Comme un éventail frais dans la chambre s’étonne
A raviver du peu qu’il faut ici d’émoi
Toute notre native amitié monotone.

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Commentaires

  1. Trois nefs bizarres
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    Sur cette nef de sable est un coeur, s'enflammant
    Pour de folles amours, une âme jamais lasse
    Des rêves qu'on poursuit, des songes qu'on enlace,
    Au pays de Morgane et du prince charmant.

    On voit sur la nef d'or s'allonger gentiment
    Un oisif qui attend que les choses se passent,
    Il ne se presse pas pour traverser l'espace,
    On ne sait pas vraiment quels sont ses sentiments.

    Or, sur la nef d'argent, vit depuis des années
    Un gai compère moine, à la joie spontanée,
    Qui ne se laisse pas brider par son surmoi

    Je vois ces trois vaisseaux, alors, je m'en étonne,
    Observer l'océan n'est pas si monotone,
    Mais peut nous apporter la surprise et l'émoi.

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