Poème 'Don Juan' de Charles CROS dans 'Le coffret de santal'

Don Juan

Charles CROS
Recueil : "Le coffret de santal"

A Antoine Cros

Au bord d’un étang bleu dont l’eau se ride
Sous le vent discret d’une nuit d’été,
Parmi les jasmins, foulant l’herbe humide
Avez-vous jamais, rêveur, écouté

La voix de la vierge émue et timide
Qui furtive, un soir, pour vous a quitté
Le foyer ami – depuis froid et vide
Où, les parents morts, plus rien n’est resté?

Parfum de poison, volupté cruelle
D’avoir arraché du sol ce lys frêle
Et d’avoir hâté l’oeuvre des tombeaux…

Ô destruction de quels âpres charmes
Es-tu donc parée? Et, voilés de larmes,
Pourquoi les yeux clairs en sont-ils plus beaux?

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Commentaires

  1. Dragon d’azur et d’or
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    Un siècle au dragon ne fait pas de rides ;
    Il a connu dix mille nuits d’été,
    Mais quand il y songe, il a l’oeil humide,
    Tant de mots d’amour jadis écoutés !

    Pendant son enfance, il fut bien timide ;
    Et quand sa jeunesse un jour l’a quitté,
    Son coeur se sentit plus qu’à moitié vide.
    De sa séduction, plus rien n’est resté ;

    La vie, cependant, ne fut pas cruelle
    À ce monstre bleu, à ce dragon frêle
    Qui voit s’approcher l’ombre d’un tombeau.

    Ces années de vie ont eu bien des charmes,
    Il ne convient pas de verser des larmes,
    Sur un tel destin, qui fut assez beau.

  2. Grandeur de la bécasse
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    L’eau d’un vieil étang doucement se ride,
    La bécasse y boit pendant tout l’été ;
    Cet oiseau ne craint pas les lieux humides,
    L’ondin de la mare aime l’écouter.

    La bécasse au bois est un peu timide,
    Qui jamais ne veut cet endroit quitter ;
    Son coeur est serein mais il n’est pas vide,
    À son doux regard, comment résister ?

    Bécasse, prends garde aux bêtes cruelles
    Qui de leurs longs crocs mordaient ton corps frêle ;
    Ou qu’un vieux chasseur te mette au tombeau.

    Reste donc en vie, oiseau plein de charme,
    Nous écouterons ton rire et tes larmes ;
    Ne crains pas le loup ni le noir corbeau.

  3. Distillateur d’étang
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    Le Sorcier Grenouille, un jour en Floride,
    A plongé dans l’eau le soleil d’été ;
    Monte la vapeur de ce monde humide
    Et se refroidit sans trop s’agiter.

    On ne garde point les dépôts solides,
    La liqueur d’étang gagne en qualité ;
    Il reste à trouver quelques tonneaux vides
    Ayant contenu des jus fermentés.

    Le Maître Grenouille en son écuelle
    A versé sa part de boisson nouvelle ;
    Alors, il pourra dîner aux flambeaux.

    Une jeune ondine est là, sous son charme,
    Ce sage penseur l’émeut jusqu’aux larmes ;
    Son pouvoir est grand, son discours est beau.

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