Poème 'En cour d’assises' de Charles CROS dans 'Le collier de griffes'

En cour d’assises

Charles CROS
Recueil : "Le collier de griffes"

(A Édouard Dubus)

Je suis l’expulsé des vieilles pagodes
Ayant un peu ri pendant le Mystère ;
Les anciens ont dit : Il fallait se taire
Quand nous récitions, solennels, nos odes.

Assis sur mon banc, j’écoute les codes
Et ce magistrat, sous sa toge, austère,
Qui guigne la dame aux yeux de panthère,
Au corsage orné comme les géodes.

Il y a du monde en cette audience,
Il y a des gens remplis de science,
Ça ne manque pas de l’élément femme.

Flétri, condamné, traité de poète,
Sous le couperet je mettrai ma tête
Que l’opinion publique réclame !

Poème préféré des membres

Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.

Commentaires

  1. Dame des tavernes
    -------------------

    Celle-ci n’est point Dame des pagodes,
    Car ce ne sont pas des lieux où l’on rit ;
    Elle a son comptoir au coeur de Paris,
    Un barde souvent lui consacre une ode.

    Le bar est un monde, il y règne un code,
    Et de gai folklore on y est nourri ;
    Quand de la patronne on est le chéri,
    Le sombre chagrin part aux antipodes.

    Les autres clients sont mes auditeurs,
    Des gens fraternels, pas des profiteurs,
    Même, quelques-uns sont de jolies femmes.

    On y peut parfois réciter des vers,
    Car très indulgent est cet univers ;
    Aussi le rhapsode y fait-il ses gammes.

  2. Tortue d’inframonde
    --------

    Maudite je fus par Saint Hexapode,
    J’avais dit du mal de ses manuscrits ;
    C’était pour blaguer, mais il n’a pas ri,
    J’ai donc découvert ces lieux malcommodes.

    Dans cet inframonde, il y règne un code
    Pas vraiment plaisant, même un peu pourri ;
    On y mange à peine, on y dépérit,
    Comment finira ce triste épisode ?

    J’ai beaucoup marché, malgré ma lenteur
    Et sans rencontrer trop de tourmenteurs ;
    Je supporte bien la chaleur des flammes.

    Puis, je m’accoutume aux démons pervers,
    Je me fais ma place en cet univers ;
    Car il est obscur, mais n’est pas sans âme.

Rédiger un commentaire

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS