Poème 'Entre la table et la chaise' de ATOS

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Entre la table et la chaise

ATOS

J’ai tenu deux jours,
deux jours à peine
entre la table et la chaise
j’ai tenu
deux jours
pris dans ma graine ils n’étaient
pas choses terriennes
j’ai tenu ces jours contre ma chair
les ai laissé se nourrir en ma tête
quelque son devait déplier une lettre
rien encore
ni corps ni feuille
ni blanche ni cercle
au début
et ce n’est pas question de lumière
au début je savais
et je ne voyais rien

au début je ne connaissais pas les mots
la nuit était moi
le silence était moi
rien n’avait de nom
rien n’avait de sens
et pourtant tout était
en moi je savais
entre la table et la chaise
une force qui grandissait
ni poids ni force
une chose altière
le sentiment d’un air
un début
non
avant le début
bien avant que ce que nous nommons
ne vienne sur la montagne remercier le néant
avant le début
l’éclat d’une certitude
répandait une coupe
j’ai tenu deux jours
maintenant c’est présent
maintenant je sais
c’est présent
mais avant
avant que
mes yeux palpent
mes mains touchent
mon ventre bouge
que ma bouche ne s’ouvre
avant que ma langue mélange
et que mes lèvres m’ autrent et m’ étrangent
je savais qu’entre la table et la chaise
me perçait un chemin
J’ai tenu
à deux jours,
deux jours à peine
et puis les sons ont fait cercle
leur cercle a fait comme une voile
lancée au triangle de mon corps
Alors j’ai su
j’ai su que cela bougeait
comme le tremblement d’une feuille
que je ne savais pas nommer
les mots n’étaient pas encore
ils étaient dessous la peau
fracture labiale je devinais
et dans ma tête cette chose
qui n’entrait pas
ne sortait pas
mais se fécondait
j’étais la nuit, j’étais silence
j’étais longue, coupante, luisante
ronde, brillante, fuyante
comme une lame
plantée
entre l’arabesque d’une table
et la vague d’une chaise
J’ai tenu deux jours comme m’égraine
une craquelure entre la table et la chaise
j’ai tenu
deux jours
à cette flamme
liquide et impalpable
j’ai tenu ces jours sous ma chair
les laissant forger un regard
déroulant un fuseau
une étincelle de sons dans une gorge de lumière
le premier mot prononçait
Deux cratères s’étaient ouverts à ma tête
rien ne s’écoulait
ni le temps ni mon sang
Le premier s’est présenté
mes mains l’ont touché
mon ventre le bougeait
à ma bouche ma langue s’est balancée
mes doigts sur mes lèvres voguaient
il respirait en transparence de ma sève
Je n’avais sous ma peau plus que mes muscles
plus que mes os
et dans ma tête tout faisait cercle
comme multitude en présence
J’ai tenu deux jours
on dit comme cela,
comme tu le penses
deux jours…ce sont des vies
pourquoi remplir leur sens d’un présent ?
Cela n’a aucune im-portance
puisqu’ entre la table et la chaise
germe ce qu’aucune île ne perd.

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