Poème 'Porte du second infini' de Robert DESNOS dans 'C'est les bottes de 7 lieues cette phrase « Je me vois »'

Porte du second infini

Robert DESNOS
Recueil : "C'est les bottes de 7 lieues cette phrase « Je me vois »"

À Antonin Artaud

L’encrier périscope me guette au tournant
mon porte-plume rentre dans sa coquille
La feuille de papier déploie ses grandes ailes blanches
Avant peu ses deux serres
m’arracheront les yeux
Je verrai que du feu mon corps
feu mon corps !
Vous eûtes l’occasion de le voir en grand appareil
le jour de tous les ridicules
Les femmes mirent leurs bijoux dans leur bouche
comme Démosthène
Mais je suis inventeur d’un téléphone de
verre de Bohême et de
tabac anglais
en relation directe
avec la peur !

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Commentaires

  1. Encre de ma plume
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    Je trace, laborieux, de petits caractères
    Avec une encre folle, à la noirceur d'enfer ;
    Elle rouille déjà, cette plume de fer,
    La longueur de son trait fait le tour de la Terre.

    Le papier me sourit dans sa blancheur neigeuse ;
    J'y divague à loisir et n'importe comment,
    C'est du papier patient, c'est du papier clément
    Qui n'affecte jamais une humeur ombrageuse.

    Demain, j'achèterai un carnet télépathe
    Qui me conseillera, qui tout devinera,
    Qui me chantera les chansons de Barbara
    Et qui saura marcher, sur de petites pattes.

  2. une question que je me pose et que je pose aux responsables du site: les auteurs sont-ils protégés d'un éventuel piratage par un copyright ? ou autre système fiable ? merci d'avance pour votre réponse

  3. Enfin quant est-il de la "perennité" du site ?

  4. Portail hyperspatial
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    Par ce portail ouvert, tu vas vers d’autres mondes
    Qui sont loin de Paris, qui sont loin de Bordeaux ;
    Ainsi qu’un naufragé sur son léger radeau,
    Tu poursuivras fort loin ta route vagabonde.

    Les poissons, bondissant de la mer peu profonde,
    Regarderont ta nef vive comme un oiseau ;
    Puis ils se cacheront derrière des roseaux,
    Timides comme ils sont, ces habitants des ondes.

    Aucun être indiscret ne marche sur tes pas ;
    Lent sera ton trajet, ça ne te gêne pas,
    Car tu te sens chez toi dans ces beaux paysages.

    Mais pour un tel parcours, n’es-tu pas un peu vieux ?
    -- Jeunes gens ou vieillards, nous sommes de passage,
    Des rêveurs du chemin, des errants sous les cieux.

  5. Superbe sonnet ! Avec une dimension métaphysique. Merci de partager avec nous ce voyage en incertain et de nous conduire au seuil de l'autre monde.

  6. Piaf-Tonnerre et l’encrier
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    Je vois ce récipient plein d’une encre bizarre,
    Capable de tracer des traits fuligineux ;
    De la plume le fil, chemin vertigineux,
    Traverse un crépuscule où ne brille aucun phare.

    Pour bien garder ton cap, tu dois tenir la barre,
    Tant pis si le cordage est un vrai sac de noeuds ;
    Qu’importe que le ciel ne soit point lumineux,
    Tu te comporteras comme un vaillant Barbare.

    Les gens t’ont si souvent permis de plaisanter !
    Ne t’en prive jamais, c’est bon pour la santé ;
    Ulysse en son vaisseau se moque des sirènes.

    Le lecteur ne doit pas te traiter de pervers,
    Le jour n’est pas plus pur que l’âme de tes vers ;
    Plus qu’en d’autres endroits, la muse est ici reine.

  7. Seconde vie du vieux porc
    ------------

    Partir à la retraite était la fin d’une ère,
    J’avais le sentiment qu’il ne me restait rien,
    Sinon des souvenirs, devenant aériens,
    Ainsi que des lueurs, ou des songes lunaires.

    Sous le soleil je pris un repos salutaire,
    Puis je déménageai, labeur de galérien ;
    Tout fut transbahuté par deux ou trois vauriens,
    Je fus en route alors, mais non pas pour Cythère.

    Un autre firmament, un tout autre jardin,
    Une autre tavernière au langage badin ;
    Ainsi, très doucement, ma vie se renouvelle.

    Et l’homme que je fus, que fait-il, est-il mort ?
    La chose ne saurait me causer nul remords,
    Ni non plus tourmenter ma placide cervelle.

  8. * * *
    -----

    Le retraité marche,
    C"est pour n'aller nulle part
    Et c'est chaque jour.

  9. Hoc est Porcus
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    Ce porc de plume et d’encrier
    Vit une vie assez sereine ;
    Les mots futiles qu’il égrène,
    Il ne sait comment les trier.

    Jamais il n’a vu de sirène,
    Jamais de licorne-bélier ;
    Mais il a, sur eux, publié
    Des vers que sa muse parraine.

    C’est un rêveur, pas un rebelle ;
    Il sourit quand sa vie est belle,
    Comme le ferait un humain.

    Pour le peu qu’il lui reste à vivre,
    Il s’abritera dans ses livres ;
    La poésie est son chemin.

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