Poème 'Fête galante' de Jean LORRAIN

Fête galante

Jean LORRAIN

Ah ! si fines de taille, et si souples, si lentes
Dans leur étroit peignoir enrubanné de feu,
Les yeux couleur de lune et surtout l’air si peu
Convaincu du réel de ces fêtes galantes !

Ah ! le charmant sourire ailleurs, inattentif
De ces belles d’antan, lasses d’être adorées
Et graves, promenant, exquises et parées,
L’ennui d’un coeur malade au fond seul et plaintif :

Qu’importe à Sylvanire et les étoffes rares
Et les sonnets d’Oronte et les airs de guitares,
Qu’éveille au fond des parcs l’indolent Mezzetin ?

Auprès de Cydalise à la rampe accoudée,
Sylvanire poudrée, en grand habit, fardée,
Sait trop qu’Amour, hélas ! est un songe lointain.

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Commentaires

  1. C'est un éléphant jaune, il voudrait que j'achète
    Les trois mille bouquins qu'il a dans son bureau.
    Je lui ai répondu que je n'y tiens pas trop,
    Ce ne sont que sonnets par de maudits poètes.

    Alors l'éléphant mauve organise une fête.
    Je lui dis qu'il me faut avant tout du repos,
    Afin d'être, demain, suffisamment dispos
    Pour que l'oeuvre du jour soit correctement faite.

    L'éléphant orange offre une métaphysique,
    Le bel éléphant rose, un breuvage alcoolique,
    Je les ai donc laissés se débrouiller entre eux.

    Enfin, l'éléphant rouge enseigne le silence.
    C'est donc en sa faveur que penche la balance,
    Avec lui, sans parler, je suis un homme heureux.

  2. Equus Bifrons
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    Pour monture j’ai pris cette Ambirossinante,
    Monstre qui ne craint point la grêle, ni le feu ;
    Elle a bon caractère, elle mange fort peu,
    Elle n’a par ailleurs aucune vie galante.

    Ne lui reprochons pas sa démarche un peu lente,
    Elle avance pourtant plus vite que les boeufs ;
    Elle n’emprunte point les sentiers dangereux,
    Elle n’avale pas n’importe quelle plante.

    Pour toutes ces raisons, c’est une perle rare,
    Docile dix fois plus qu’une jument barbare,
    Fidèle cent fois plus qu’un poney florentin.

    Donc, de la préférer fut une bonne idée ;
    Sellée fort simplement, et souplement bridée,
    Elle va me conduire aux royaumes lointains.

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Jean LORRAIN

Portait de Jean LORRAIN

Paul Alexandre Martin Duval, dit Jean Lorrain, est un écrivain français à très forte tendance parnassienne, né à Fécamp le 9 août 1855 et mort à Paris le 30 juin 1906.
Jean Lorrain a été l’un des écrivains scandaleux de la Belle Époque, au même titre que Rachilde, Hugues Rebell et Fabrice Delphi. Ses œuvres peuvent... [Lire la suite]

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