Je n’escris point d’amour, n’estant point amoureux
Je n’escris point d’amour, n’estant point amoureux,
Je n’escris de beauté, n’ayant belle maistresse,
Je n’escris de douceur, n’esprouvant que rudesse,
Je n’escris de plaisir, me trouvant douloureux ;Je n’escris de bonheur, me trouvant malheureux,
Je n’escris de faveur, ne voyant ma Princesse,
Je n’escris de trésors, n’ayant point de richesse,
Je n’escris de santé, me sentant langoureux :Je n’escris de la Court, estant loing de mon Prince,
Je n’escris de la France, en estrange province,
Je n’escris de l’honneur, n’en voyant point icy ;Je n’escris d’amitié, ne trouvant que feintise,
Je n’escris de vertu, n’en trouvant point aussi,
Je n’escris de sçavoir, entre les gens d’eglise.
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Joachim DU BELLAY
Joachim du Bellay est un poète français né vers 1522 à Liré en Anjou, et mort le 1er janvier 1560 à Paris. Sa rencontre avec Pierre de Ronsard fut à l’origine de la formation de la « Pléiade », groupe de poètes auquel Du Bellay donna son manifeste, « la Défense et illustration de la langue... [Lire la suite]
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- C'était ores, c'était qu'à moi je devais... (6)
- Sire, celui qui est a formé toute essence (5)
- Ô beaux cheveux d'argent mignonnement retors (5)
Le jardin et la croix, la plume et l'encrier,
La salle et le comptoir, les grands auteurs de France :
De ces quatre propos mon vers tire substance,
Dans ces quatre sections, mes sonnets sont triés.
Le jardin est celui qui vit Adam prier,
La plume au fil des jours me conduit en errance,
La salle est au conteur dans son exubérance,
Les auteurs vont cherchant les mots appropriés.
Tu dis que j'ai produit quelques vers déchirants
Que l'on doit regrouper en un lieu différent,
D'amour que refroidit le regard de Saturne ;
Il est vrai que jadis ma plume a pu nourrir
Cette étrange passion qui naquit pour mourir :
Sur ce thème, aujourd'hui, je deviens taciturne.