Poème 'L’agréable leçon' de Albert SAMAIN dans 'Le chariot d'or'

L’agréable leçon

Albert SAMAIN
Recueil : "Le chariot d'or"

Dans la brise ailée et sonore
S’éveillent les dieux bocagers ;
Et le chalumeau des bergers
Brode de ses accords légers
Le voile rose de l’aurore.

Tircis aux pieds d’Églé dit son âme amoureuse.
L’air est bleu ; la rosée étincelle aux buissons ;
Le ruisseau d’argent clair brille dans les cressons,
Et le chien noir a l’oeil sur la brebis peureuse.

Sur ses pipeaux Tircis à la Journée Heureuse
Prélude ; mais soudain, jalousant ses chansons,
Églé veut à son tour, par d’aimables leçons,
D’une haleine qui chante emplir la flûte creuse.

Inhabile, elle souffle, et, penché sur son cou,
Tircis lève, descend ses doigts sur chaque trou,
Et les maintient crispés sur des accords moroses.

Églé s’irrite ; alors, Tircis pour l’apaiser
Sur sa bouche vermeille appuie un long baiser ;
Et la flûte à leurs pieds roule parmi les roses…

Dans la lumière qui recule
S’endorment les dieux bocagers ;
Et le chalumeau des bergers
Suspend ses accords prolongés
Au voile bleu du crépuscule.

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Commentaires

  1. Démon forestier
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    Un démon s'établit dans la forêt sonore,
    Il en parcourt la route avec ses pieds légers ;
    Lorsque la nuit s'achève, il fait peur aux bergers
    Blottis sur la lisière en attendant l'aurore.

    Il voudrait, dans ces bois, trouver une amoureuse,
    Une douce compagne, une biche peureuse,
    Il charmerait ses jours par de vieilles chansons
    Et se ferait, le soir, son donneur de leçons.

    Dans le ciel de sinople est la truite sorcière,
    Au monstre forestier songeant, des nuits entières ;
    Et alors, ces deux-là, se rencontreront-ils ?
    Tu voudrais le savoir. Le destin est subtil.

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