Poème 'L’automne des Canaries' de Marc-Antoine Girard de SAINT-AMANT

L’automne des Canaries

Marc-Antoine Girard de SAINT-AMANT

Voycy les seuls côtaux, voycy les seuls valons
Où Bacchus et Pomone ont estably leur gloire ;
Jamais le riche honneur de ce beau territoire
Ne ressentit l’effort des rudes aquilons.

Les figues, les muscas, les pesches, les melons
Y couronnent ce dieu qui se delecte à boire
Et les nobles palmiers, sacrez à la victoire,
S’y courbent sous des fruits qu’au miel nous esgalons.

Les cannes au doux suc, non dans les marescages,
Mais sur des flancs de roche, y forment des boccages
Dont l’or plein d’ambroisie eclatte et monte aux cieux.

L’orange en mesme jour y meurit et boutonne,
Et durant tous les mois on peut voir en ces lieux
Le printemps et l’esté confondus en l’autonne.

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Commentaires

  1. Ambiphénix
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    Le bel ambiphénix s'installe en un vallon ;
    Il sait que c'est la fin de sa présente gloire,
    Aussi a-t-il meublé ce dernier territoire
    D'un somptueux bûcher, qui ne craint l'aquilon ;

    À son dernier repas, des tranches de melon,
    Un petit vin rosé, bien agréable à boire,
    Et les beaux souvenirs de ses nobles victoires
    Pour lesquelles point n'a demandé de galons.

    L’orage en ce vallon, dans la nuit, brûle et tonne,
    Le bel oiseau trépasse en ce début d'automne,
    La clarté de la flamme illumine ces lieux.

    Le dragon, s'il est vieux, s'endort au marécage,
    Le passereau, mourant, se cache en un bocage,
    L'ambiphénix renaît à la face des cieux.

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