Poème 'Le bourbier d’honneur' de dutaillyphilippe

Le bourbier d’honneur

dutaillyphilippe

Voici l’âpre destin de nos glorieux poilus
qui étaient partis, fleur à la boutonnière,
le sourire épanoui et le pas résolu
traquer l’ennemi jusque dans sa tanière.

Mais l’ennemi maudit était aussi debout
avec autant de rage, autant de vils mots ,
et la fleur du fusil se fanait dans la boue
où tous vivaient terrés comme des animaux.

Des tranchées, creusées comme des taupinières,
les soldats subissaient la chaleur et le froid
mais tous les excès des rigueurs saisonnières
n’égalaient, cependant, le degré de l’effroi.

Quand le front faisait que les heures retardent,
qu’il ne se passait rien sinon dans les esprits,
l’angoisse provoquée par le gaz moutarde
représentait l’horreur des armes du mépris.

Et pourtant, à Paris, dans les salons huppés,
des coquettes ulcérées par l’ampleur de l’affront
s’indignaient, posément, des batailles stoppées
et des atermoiements des officiers du front.

(tiré du « Siècle en légendes »)

22 09 1993

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