Poème 'Lendemain' de Charles CROS dans 'Le coffret de santal'

Lendemain

Charles CROS
Recueil : "Le coffret de santal"

A Henri Mercier.

Avec les fleurs, avec les femmes,
Avec l’absinthe, avec le feu,
On peut se divertir un peu,
Jouer son rôle en quelque drame.

L’absinthe bue un soir d’hiver
Eclaire en vert l’âme enfumée,
Et les fleurs, sur la bien-aimée
Embaument devant le feu clair.

Puis les baisers perdent leurs charmes,
Ayant duré quelques saisons.
Les réciproques trahisons
Font qu’on se quitte un jouri sans larmes.

On brûle lettres et bouquets
Et le feu se met à l’alcôve,
Et, si la triste vie est sauve,
Restent l’absinthe et ses hoquets.

Les portraits sont mangés des flammes;
Les doigts crispés sont tremblotants…
On meurt d’avoir dormi longtemps
Avec les fleurs, avec les femmes.

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Commentaires

  1. Trois taureaux justiciers
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    Le taureau de pourpre s’enflamme
    Dans le plus redoutable feu,
    Cela lui importe assez peu :
    Il n’a pas bien chaud, quand il crame.

    Le taureau d’argent aux yeux clairs,
    Règne sur la terre embrumée ;
    Il a trois vaches bien-aimées
    Qu’il honore, été comme hiver.

    Mais le taureau d’or, sous son charme
    Tient le ciel en toutes saisons ;
    Il ne permet ni trahison,
    Ni les combats, même sans armes.

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