Poème 'L’esté de Rome' de Marc-Antoine Girard de SAINT-AMANT

L’esté de Rome

Marc-Antoine Girard de SAINT-AMANT

Quelle estrange chaleur nous vient icy brusler ?
Sommes-nous transportez sous la zone torride,
Ou quelque autre imprudent a-t-il lasché la bride
Aux lumineux chevaux qu’on voit estinceler ?

La terre, en ce climat, contrainte à pantheler,
Sous l’ardeur des rayons s’entre-fend et se ride ;
Et tout le champ romain n’est plus qu’un sable aride
D’où nulle fresche humeur ne se peut exhaler.

Les furieux regards de l’aspre canicule
Forcent mesme le Tybre à perir comme Hercule,
Dessous l’ombrage sec des joncs et des roseaux.

Sa qualité de dieu ne l’en sçauroit deffendre,
Et le vase natal d’où s’écoulent ses eaux,
Sera l’urne funeste où l’on mettra sa cendre.

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Commentaires

  1. Logique et magie
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    L'inspiration, du feu qui voudrait tout brûler :
    Les décors familiers, les scénarios torrides,
    Le personnage auquel l'auteur lâche la bride,
    La métaphore au loin, qu'on voit étinceler.

    La raison, devant ça, se met à panteler,
    Elle préfère l'ordre, aussi son front se ride.
    Elle a pour instrument une logique aride
    Dont seul un discours clair parvient à s'exhaler.

    Ces deux autorités chaque jour se bousculent ;
    Les concilier serait un vrai travail d'Hercule,
    Ou des géants qu'on trouve aux grimoires sanscrits.

    À de pareils exploits je ne saurais prétendre :
    Ces deux monstres je laisse, ou se battre, ou s'entendre,
    Je vois ce qu'il en sort, et je vous le transcris.

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