Poème 'Lune d’avril' de Louisa SIEFERT dans 'Les Stoïques'

Lune d’avril

Louisa SIEFERT
Recueil : "Les Stoïques"

Voici briller la lune blanche.
THEOPHILE GAUTIER

Déployant ses ailes de cygne
Au vol lent et capricieux,
Le clair de lune me fait signe
Et m’entraîne au loin sous les cieux.

Il franchit les lacs et les fleuves,
Baise les yeux clos des cités,
Et, se riant des grilles neuves,
Il s’en vient aux parcs désertés.

Il écarte l’ombre importune
Avec un geste familier ;
Puis il descend une par une
Les marches du blanc escalier.

Il s’en va retroussant sa robe
Le long de l’humide sentier
Et, de ce de là, se dérobe
Entre le houx et l’églantier.

Je le vois errer d’arbre en arbre
Comme un doux poëte étonné,
Et prêter des blancheurs de marbre
Au banc de pierre abandonné.

C’est ici que, las de sa course,
Rêveur il s’assied longuement,
Jetant aux flots clairs de la source
De la poudre de diamant.

Il endort les roses fleuries,
Il verse la rosée aux lys,
Il étend des blés aux prairies
Son manteau d’argent aux longs plis.

Ainsi promeneur pâle & triste,
Hôte des tombeaux délaissés,
Ami du chat et de l’artiste,
Protecteur des nids menacés,

Là-bas échevelant le saule
Qui pleure les morts oubliés
Et chargeant sur sa blanche épaule
Les linceuls qu’il a déliés,

Jusqu’à l’heure où soudain rougies
Les ténèbres font place au jour,
Il erre, – ô faiseur d’élégies,
O grand enchanteur de l’amour !

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Louisa SIEFERT

Portait de Louisa SIEFERT

Louisa Siefert, née à Lyon le 1er avril 1845 et morte à Pau le 21 octobre 1877, est une poétesse française. Issue d’une famille protestante établie à Lyon, elle reçoit une éducation religieuse. Son père était originaire de Prusse et sa mère du canton de Thurgovie en Suisse. Son premier recueil de poèmes,... [Lire la suite]

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