Poème 'Macules matriculées' de ATOS

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Macules matriculées

ATOS

C’est la nuit que je redoute entre ces murs
Quand les projos s’allument dans les cours.
Dans nos têtes ça grésille en noir et gris.
On s’agite, on gémit ,on écoute le moindre bruit.
On devine dehors.
On invente nos sorties.
Il y a les pleurs et puis des cris.
Les vérités, on les craque dans l’obscurité.
Nos ombres et nos odeurs et
nos regards sur la pointe des pieds
Vers les portes d’acier.
Ici on crève de la trouille
Comme on meurt de la peste.
Ici on est toutes des emmurées.
Celles qui gardent et celles qui sont gardées.
Celles qui surveillent et celles qui sont observées.
C’est la nuit que la lumière disparaît
C’est entre ces murs que tout s’est arrêté.
Pour la plupart, des promesses non tenues
Ont fait de nous des détenues.
Pour toutes, des amours de ducasse
Nous ont fait prendre une pile en pleine face
Pour chacune, les dés tous pipés sont bêtement jetés.
Avec nos vies scarifiées il faudra bien s’en retourner.
Il faudra bien réapprendre à marcher.
On a plus vraiment le respect de soi même
Quand on doit pisser devant toute une chambrée.
De cinquante à dix huit piges
On a toutes cinq ans quand la nuit vient se glisser.
On fait notre peine,
Toute notre peine là sur le plancher.
La colère nous prend souvent contre le mur,
Parce ce que l’on ne sait plus si dedans
Pour en finir
Ça ne vaut pas mieux qu’au delà des murs.
C’est la nuit que ça s’est passé.
Dix mois fermes….La belle affaire.
Fait de cité. Mauvais dossier.
Deux coups de lames. Fini l’enfer.
Quand on a gardé son rire d’enfant
On ne voit pas que les grands ne font plus semblants.
On comprend pas tout le mal que l’on se fait.
On tourne mal quand on tourne en rond toute la journée.
La tôle c’est pour de vrai.
Même gondolée, faut s’en méfier.
Ici les gosses on les ramasse à l’appel.
C’est la nuit que je redoute entre ces murs
Parce que dès que le jour est de corvée
Ils commencent toujours par nous compter.
Dix mois fermes ….la belle affaire
Les pieds devant…
La pauvre enfant.

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