Poème 'Marie, à tous les coups vous me venez reprendre' de Pierre de RONSARD dans 'Second livre des Amours'

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Marie, à tous les coups vous me venez reprendre

Pierre de RONSARD
Recueil : "Second livre des Amours"

Marie, à tous les coups vous me venez reprendre
Que je suis trop léger, et me dites toujours,
Quand je vous veux baiser, que j’aille à ma Cassandre,
Et toujours m’appelez inconstant en amours.

Je le veux être aussi, les hommes sont bien lourds
Qui n’osent en cent lieux neuve amour entreprendre.
Celui-là qui ne veut qu’à une seule entendre,
N’est pas digne qu’Amour lui fasse de bons tours.

Celui qui n’ose faire une amitié nouvelle,
A faute de courage, ou faute de cervelle,
Se défiant de soi, qui ne peut avoir mieux.

Les hommes maladifs, ou matés de vieillesse,
Doivent être constants : mais sotte est la jeunesse
Qui n’est point éveillée, et qui n’aime en cent lieux.

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Commentaires

  1. Vivre dans un jardin de femme polyandre,
    Est-ce ma vocation, au temps de mes vieux jours?
    Je crois bien discerner quelques arguments «pour»,
    Des oiseaux, quelques fleurs, l'arrosoir, l'herbe tendre.
    *
    Avec mes co-maris, parviendrai-je à m'entendre?
    Pourrai-je avec l'un d'eux vivre le grand amour?
    Quelqu'un nous verra-t-il, en nos plus fiers atours,
    Le dimanche matin à l'église nous rendre?
    *
    L'idée n'est pas absurde, et la polyandrie
    Divisant la faveur d'une douce chérie
    A déjà fait la joie de plusieurs Esquimaux.
    *
    Je note donc cela au titre des possibles,
    Cela consolerait mon petit coeur sensible
    Si, avec trois messieurs, je partageais mes maux.

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