Poème 'Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle' de Pierre de RONSARD dans 'Sonnets pour Hélène'

Accueil > Les poètes > Poèmes et biographie de Pierre de RONSARD > Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle

Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle

Pierre de RONSARD
Recueil : "Sonnets pour Hélène"

Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise aupres du feu, devidant et filant,
Direz, chantant mes vers, en vous esmerveillant :
Ronsard me celebroit du temps que j’estois belle.

Lors, vous n’aurez servante oyant telle nouvelle,
Desja sous le labeur à demy sommeillant,
Qui au bruit de mon nom ne s’aille resveillant,
Benissant vostre nom de louange immortelle.

Je seray sous la terre et fantaume sans os :
Par les ombres myrteux je prendray mon repos :
Vous serez au fouyer une vieille accroupie,

Regrettant mon amour et vostre fier desdain.
Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain :
Cueillez dés aujourd’huy les roses de la vie.

Poème préféré des membres

Lelys, TEUW, ecnaida, Matamaure, verlaine2017 et karo02 ont ajouté ce poème parmi leurs favoris.

Commentaires

  1. Lune sombre
    ------------------

    Pierrot, morte est la chandelle ;
    Et la vie s'en va filant
    De ton corps, bien peu vaillant.
    Mais, Pierrot, la nuit est belle :

    Sombre de lune nouvelle,
    Noire d'esprits sommeillants
    Et d'oiseaux se réveillant
    Sous Polaris, l'éternelle.

    Danse donc, l'ami Pierrot,
    Il n'est l'heure du repos.
    La voisine inassouvie

    Te regarde sans dédain,
    Aime-la jusqu'à demain :
    Cueillez, ensemble, la vie.

  2. Cérémonie printanière
    ------------------------

    Le blaireau bicéphale allume deux chandelles
    En l’honneur du jardin qu’il voit se réveillant.
    Il chante quelques vers, tout en se recueillant,
    Pour redire en son coeur que la nature est belle.

    Il salue l’escargot, sourit aux fleurs nouvelles,
    Admire les bourgeons à demi sommeillants,
    Se promène alentour, tout en s’émerveillant,
    Promenant son regard sous la voûte éternelle.

    Le firmament, sur lui, ne verse plus ses eaux :
    L’aquilon a choisi de prendre du repos,
    Son humeur vagabonde étant bien assouvie.

    Au bois l’on voit danser le chevreuil et le daim,
    Profitant de ce jour, sans peur du lendemain :
    Ronsard, tu nous appris à chanter cette vie.

  3. Le miroir se regarde au feu de la chandelle.
    Il s’inquiète du jour finissant et filant
    Si précipitamment, en ayant l’air si lent.
    Il reconnaît pourtant que la journée fut belle.

    Ce qu’elle a de plus beau, c’est qu’elle est sans nouvelles,
    Nul n’aura le besoin d’en faire le bilan.
    D’où vient ce sentiment, tracas obnubilant,
    Fantôme du reflet d’une angoisse éternelle ?

    Le grand salon l’ignore, et, tranquille et dispos,
    Dans le soir ténébreux se prépare au repos.
    Le miroir garde en lui cette crainte accroupie,

    Envers qui la chandelle a montré du dédain.
    Allons, faut vivre avec, ça ira mieux demain,
    Obscures sont parfois les choses de la vie.

  4. Ambitourterelle
    -----------------

    Quand vous rencontrerez une ambitourterelle,
    Ne devenez jamais son tourtereau filant ;
    La vie est si rapide,et l’amour est si lent,
    Seuls savent les mourants que cette vie fut belle.

    Ce qu’elle a de plus noble : elle est toujours nouvelle,
    Jamais ne revenant sur son propre bilan.
    Jamais ne rappelant les faits obnubilants,
    Toujours reconnaissant n’être pas éternelle.

    Le poète l’ignore, et, tranquille et dispos,
    Par des mots ténébreux se prépare au repos.
    Ne gardant pas en lui cette crainte accroupie

    Envers qui mon lecteur n’aurait que du dédain.
    J’ai composé cela, j’écrirai mieux demain,
    Charmantes sont parfois les ruses de la vie.

  5. Ermite habillé de sinople
    --------------

    L’ermite du bosquet rit de toutes ses dents ;
    Il ne figure pas dans les livres d’Histoire,
    Mais plusieurs bûcherons en garderont mémoire
    Comme d’un vigoureux grand-père chargé d’ans.

    Mais ce grand-père a-t-il quelques petits-enfants ?
    De ces bons jouvenceaux qui aiment rire, et boire,
    Ne cherchant en leur temps nulle sorte de gloire,
    N’accomplissant jamais de gestes triomphants...

    L’auraient-ils oublié depuis depuis belle lurette,
    Croyant qu’il dort déjà au champ de pâquerettes ?
    Mais l’ermite, sans eux, n’est pas privé de vin ;

    Car il a des amis, ce vieillard sobre et digne,
    Qui s’en iront un jour, mais ce n’est pas demain,
    Et qui savent goûter le nectar de la vigne.

  6. Le Seigneur d’Alpha de Cassiopée
    ----------------------

    Notre Soleil lui semble une faible chandelle,
    Un fanal de misère, un lumignon filant ;
    Mais il lit nos auteurs, et les trouve excellents,
    Aucun des siens n’ayant d’inspiration si belle.

    Tous les jours il apprend une chanson nouvelle,
    Un sonnet de Ronsard, ou son équivalent,
    Et sa plume en reçoit dailleurs un peu d’élan,
    Comme s’il entendait une muse éternelle.

    Puis il va dans son parc écouter les crapauds
    Dont la douce chanson l’encourage au repos ;
    Son coeur en est heureux, son âme en est ravie.

    Envers ces batraciens ne montrant nul dédain,
    Il échange avec eux quelques propos badins
    Sur le pouvoir d’achat, sur le sens de la vie.

  7. Le Seigneur d’Alpha de Cassiopée
    ... retouche mineure
    ----------

    Notre Soleil lui semble une faible chandelle,
    Un fanal de misère, un lumignon filant ;
    Mais il lit nos auteurs, et les trouve excellents,
    Aucun des siens n’ayant d’inspiration si belle.

    Tous les jours il apprend une chanson nouvelle,
    Un sonnet de Ronsard, ou son équivalent,
    Et sa plume en reçoit d’ailleurs un peu d’élan,
    Comme s’il entendait une muse éternelle.

    Puis il va dans son parc écouter les crapauds
    Dont la douce chanson l’encourage au repos ;
    Son coeur en est heureux, son âme en est ravie.

    Envers ces batraciens ne montrant nul dédain,
    Il échange avec eux quelques propos badins

  8. Arbre résilient
    --------

    Les gens disent que je suis frêle,
    Mais mon moral est excellent ;
    Ma sève a de nobles élans
    Et ma dryade est la plus belle.

    Au printemps, je me renouvelle,
    Je redeviens un vert galant ;
    Je suis solide et nonchalant,
    Mon âme se croit éternelle.

    J’écoute chanter les crapauds ;
    Ils savent bercer mon repos,
    Plusieurs animaux les envient.

    Je regarde courir le daim ;
    C’est un quadrupède badin
    Qui sait profiter de la vie.

Rédiger un commentaire

Pierre de RONSARD

Portait de Pierre de RONSARD

Pierre de Ronsard (né en septembre 1524 au manoir de la Possonnière, près du village de Couture-sur-Loir en Vendômois et mort le 28 décembre 1585 au Prieuré de Saint-Cosme en Touraine), est un des poètes français les plus importants du XVIe siècle. « Prince des poètes et poète des princes », Pierre de Ronsard, adepte de... [Lire la suite]

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS