Ange divin, qui mes plaies embaume
Ange divin, qui mes plaies embaume,
Le truchement et le héraut des dieux,
De quelle porte es-tu coulé des cieux,
Pour soulager les peines de mon âme ?Toi, quand la nuit par le penser m’enflamme,
Ayant pitié de mon mal soucieux,
Ore en mes bras, ore devant mes yeux,
Tu fais nager l’idole de ma Dame.Demeure, Songe, arrête encore un peu !
Trompeur, attends que je me sois repu
De ce beau sein dont l’appétit me ronge,Et de ces flancs qui me font trépasser :
Sinon d’effet, souffre au moins que par songe
Toute une nuit je les puisse embrasser.
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Pierre de RONSARD
Pierre de Ronsard (né en septembre 1524 au manoir de la Possonnière, près du village de Couture-sur-Loir en Vendômois et mort le 28 décembre 1585 au Prieuré de Saint-Cosme en Touraine), est un des poètes français les plus importants du XVIe siècle. « Prince des poètes et poète des princes », Pierre de Ronsard, adepte de... [Lire la suite]
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Anges sonneurs
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Anges du ciel d’azur, les accords de la gamme
Dansent au carillon sonnant en ce saint lieu ;
Comme des feuilles d’arbre, ils descendent des cieux
Jusqu’à notre humble église, et tintent dans notre âme.
Alors que notre esprit en prière s’enflamme,
Vers le ciel bienveillant chacun lève les yeux,
Chacun, dedans son coeur, abrite un songe pieux,
Une pensée d’amour, qu’inspire Notre-Dame.
Le pilier de comptoir jamais n’eut assez bu,
L’ogre de la forêt jamais ne fut repu :
Ainsi, du son divin, le vrai désir nous ronge,
Et nos invocations volent, sans se lasser,
Bénissant les humains, vivants et trépassés,
Tant pis, donc, si cela ne se produit qu’en songe.
Ange songeur
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Ange songeur, qui chantonnes la gamme,
Tout le cosmos pour toi est un saint lieu ;
Tu vis ici, tu ne vis pas aux cieux,
Tu veux, de près, prendre soin de nos âmes.
Quand ton esprit en délire s’enflamme,
Le Paradis se reflète en tes yeux ;
Mais tu n’es pas, pourtant, un ange pieux,
Tu n’es qu’un simple amant de Notre Dame.
Or, le calice, autrefois tu l’as bu ;
Du corps de Dieu, jamais tu n’es repu,
Toi qu’un désir, pourtant, jamais ne ronge,
Et Lucifer cherche, sans se lasser,
À faire en toi cet amour trépasser ;
Est-il plus fort, lui, qu’un ange qui songe ?
Ange improvisateur
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Ange trop tendre, on te dit polygame,
Car on t’a vu draguer en divers lieux ;
Serais-tu donc un esprit malicieux
De qui nous vient la perdition de l’âme ?
Saintes ou non, toujours tu les enflammes,
Tu fais briller et s’agrandir leurs yeux ;
Dans les bas-fonds, dans les nobles milieux,
Tu te choisis les plus charmantes dames.
En leur honneur, souvent, tu as bien bu,
Car ton désir, qui n’est jamais repu,
Savoure aussi la bonne bière blonde.
Or, si tu peux aimer, sans te lasser
Ces corps charmants, que tu sais embrasser,
Tu es porteur de sagesse profonde.
Ange-Boeuf
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C’est l’Ange-Boeuf, nourri de cryptogames,
Passant ses jours au service de Dieu ;
C’est la douceur qui brille dans ses yeux,
Et même aussi la pureté de l’âme.
De l’inframonde, il ignore les flammes,
Son vol plané le porte en d’autres lieux ;
Il est puissant, mais il est déjà vieux
Et toutefois il plaît toujours aux dames.
Avec cet ange en taverne j’ai bu,
Car il m’a dit « Ce n’est pas un abus »;
Nous bénissons les plaisirs de ce monde.
Il combattit, dans un lointain passé,
Les noirs démons par milliers entassés ;
Il leur creusa plusieurs tombes profondes.