Poème 'Pourrières' de Germain NOUVEAU dans 'Premiers poèmes'

Pourrières

Germain NOUVEAU
Recueil : "Premiers poèmes"

Un vieux clocher coiffé de fer sur la colline.
Des fenêtres sans cris, sous des toits sans oiseaux.
D’un barbaresque Azur la paix du Ciel s’incline.
Soleil dur ! Mort de l’ombre ! Et Silence des Eaux.

Marius ! son fantôme à travers les roseaux,
Par la plaine ! Un son lent de l’Horloge féline.
Quatre enfants sur la place où l’ormeau perd ses os,
Autour d’un Pauvre, étrange, avec sa mandoline.

Un banc de pierre chaud comme un pain dans le four,
Où trois Vieux, dans ce coin de la Gloire du Jour,
Sentent au rayon vif cuire leur vieillesse.

Babet revient du bois, tenant sa mule en laisse.
Noir, le Vicaire au loin voit, d’une ombre au ton bleu,
Le Village au soleil fumer vers le Bon Dieu.

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Commentaires

  1. Abdication
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    L'Empereur se retire en la verte colline,
    Il ne veut plus régner, même sur un oiseau.
    Aux abords du torrent le Fils du Ciel s'incline
    Pour puiser la vertu et la paix dans ses eaux.

    Un pluvian le contemple au travers des roseaux,
    Plus haut sur le sentier se faufile une hermine ;
    Le renard au terrier songe, et ronge des os,
    Le feuillage au soleil de midi s'illumine.

    Combien sont oubliés les fastes de la cour !
    L'Empereur à présent flâne, jour après jour,
    Afin d'entretenir sa paisible vieillesse.

    Il n'a point mis de piège où le gibier se blesse ;
    Il a pour lit l'herbage, et pour toit le ciel bleu ;
    Il a plus que jadis l'apparence d'un dieu.

  2. Une église sans prêtre
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    Un modeste clocher posé sur la colline
    Que visitent parfois de merveilleux oiseaux ;
    Mais plus aucun fidèle en ces lieux ne s’incline
    Ni ne trempe sa main au bénitier sans eau.

    Dans le jardin des morts poussent quelques roseaux,
    Un duc est endormi sous son blason d’hermine ;
    L’écho vient souligner le silence des os,
    Les vitraux obscurcis jamais ne s’illuminent.

    Seul vient ici, le soir, un vieux démon qui court
    Après des souvenirs dans le déclin du jour,
    Lui dont la vie ne fut qu’une longue vieillesse.

    En ce lieu s’assemblaient le peuple et la noblesse
    Et ceux qui se tenaient dans le juste milieu ;
    Ils vivent à présent dans un monde sans dieux.

  3. Dolmen de Pise
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    Pas très loin de la ville, au flanc d’une colline,
    Ce vieux dolmen qui penche écoute les oiseaux ;
    Sans souci des regards, sur la pente il s’incline
    Comme fait un vieux pin du côté de Cazaux.

    Il est, ce monument, moins souple qu’un roseau,
    Et la pierre n’a point la douceur d’une hermine ;
    Ses articulations ne sont que des vieux os,
    Mais quand il voit le jour, le bonheur l’illumine.

    Le sommet du dolmen, ni trop long, ni trop court,
    Est en ce même endroit depuis cent mille jours ;
    Mais ce n’est pas pour lui l’âge de la vieillesse.

    D’un oblique dolmen admirons la noblesse,
    Monument de mémoire et de juste milieu,
    Lui qui fut messager de gaéliques dieux.

  4. Maison du gardien de la Tour de Pise
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    Le portier de ces lieux est venu des collines
    Dont le peuple comprend la langue des oiseaux ;
    Il dispose des clés de la Tour qui s’incline,
    De l’antique charpente il connaît le réseau.

    Le toit de sa maison n’est pas fait de roseaux,
    Mais des tuiles ornées lui donnent belle mine ;
    Un artisan français les fit à Palaiseau,
    Le soleil leur sourit quand il les illumine.

    Les maçons ont-ils eu au fil à plomb recours,
    Ont-ils improvisé, nous le saurons un jour ;
    Jusqu’ici, sur ce point, l’ignorance est épaisse.

    Peut-être, un architecte issu de la noblesse
    A-t-l émis l’idée qu’ainsi ce serait mieux,
    Qu’un monument qui penche est agréable à Dieu.

  5. À Buchenwald

    Sur le site du camp, en haut de la colline,
    On entend à nouveau gazouiller les oiseaux,
    Tandis que silencieux, des visiteurs s’inclinent
    En hommage aux martyrs des fascistes réseaux.

    Les déportés étaient fins comme des roseaux,
    Mais œuvraient en usine ou dans l’ouverte mine,
    Rares ceux qui ont fait, en ce lieu, de vieux os,
    La faute aux maladies, aux coups, à la famine.

    À quatre heures et le soir, ils étaient dans la cour,
    L’appel était sans fin, beaucoup mourraient en cours,
    On tuait sur le champ qui montrait sa faiblesse.

    Les nazis n’avaient pas de morale noblesse,
    Que pour leurs bas instincts, ces humains n’eurent d’yeux,
    Au lieu d’y résister comme le souhaite Dieu.

    misquette.wordpress.comm

  6. misquette.wordpress.com

  7. Oiseau facteur
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    Je porte le courrier de la reine Adeline,
    Je suis un messager, je suis un bel oiseau ;
    Je vois à l’horizon le soleil qui décline,
    Dans la douceur du soir je plane sur les eaux.

    Je salue en passant le héron des roseaux
    Alors que son plumage au couchant s’illumine ;
    Je franchis un plateau, non loin de Palaiseau,
    Traversant les jardins de l’École des Mines.

    Je rejoins notre reine, entourée de sa cour,
    Je remets en ses mains les lettres de ce jour ;
    Elle me remercie, pleine de gentillesse.

    Va-t-elle m’accorder un titre de noblesse ?
    Serai-je fait seigneur de l’un ou l’autre lieu ?
    Si je deviens baron, j’en rendrai grâce à Dieu.

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Germain NOUVEAU

Portait de Germain NOUVEAU

Germain Marie Bernard Nouveau, né le 31 juillet 1851 à Pourrières (Var) où il est mort le 4 avril 1920, est un poète français. Il est l’aîné des 4 enfants de Félicien Nouveau (1826-1884) et de Marie Silvy (1832-1858). Germain Nouveau perd sa mère alors qu’il n’a que sept ans. Il est élevé par son... [Lire la suite]

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