Poème 'Set Ohaëdat' de Germain NOUVEAU dans 'Sonnets du Liban'

Set Ohaëdat

Germain NOUVEAU
Recueil : "Sonnets du Liban"

Je vous fus présenté Madame, dans la salle
De marbre frais et sombre où vous passiez les jours
Au bruit de ces jets d’eau monotones des cours
Damasquinés ; l’or blanc cerclait votre bras pâle.

Assise à terre, à la manière orientale,
Vous écoutiez ceux qui distillent les discours
Des les narghilés d’argent aux tons d’opale
Que la Paresse fume à coups distraits et courts.

Des fleurs couraient parmi vos étoffes de soie ;
Vos yeux éclairaient l’ombre où votre front se noie ;
Votre pied nu brillait ; votre accent étranger

Eclatait dans ma tête en notes délicates ;
Je vois toujours vos dents blanches, fines et plates
Quand votre lèvre, mouche en rumeur, fit : « Franger ? »

Poème préféré des membres

Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.

Commentaires

  1. Faucon de sinople
    --------------------

    Le noble faucon vert est gardien de la salle
    Où siège le Conseil, la nuit comme le jour ;
    Toutefois, ce n’est pas un animal de cour,
    Nul ne peut le confondre avec un mignon pâle.

    Il aime les seigneurs de sa terre natale,
    Même s’il capte peu le sens de leurs discours ;
    Et son noble plumage, armure aux tons d’opale,
    Orne leur assemblée d’un reflet de velours.

    Si l’on bande ses yeux d’une étoffe de soie,
    Il dit que c’est un jeu qu’il accepte avec joie,
    Celui qui lui fait ça n’est pas un étranger.

    Ce prédateur n’a pas que des moeurs délicates :
    Je le vois fréquemment, quand une crise éclate,
    Servir les courtisans, les garder du danger.

  2. Écrevisse de Bruges
    ---------------------

    L’écrevisse toujours se tient loin du danger,
    Vivant de peu de chose en ce ruisseau qu’elle aime ;
    Son esprit est subtil au point le plus extrême,
    Souvent plein de douceur et jamais enragé.

    Un bel ange gardien de son âme est chargé ;
    La préservant du froid quand survient l’aube blême,
    L’instruisant fréquemment sur de multiples thèmes
    Et lui donnant aussi à boire et à manger.

    L’écrevisse en automne a des manières douces,
    Tous ses déplacements sont vifs et sans secousses,
    Le cormoran l’admire et le brochet aussi.

    Elle rêve, dit-on, depuis belle lurette,
    D’arborer un blason dessiné par Pierrette ;
    Bien d’autres animaux ont ce même souci.

  3. Faucon de gueules
    -----------

    Je suis celui qui chasse au mépris du danger,
    Cela pour les beaux yeux de ce maître que j’aime ;
    Et mon corps peut braver les conditions extrêmes,
    Car je montre toujours un courage inchangé.

    Un noble serviteur de ma cage est chargé,
    C’est un très jeune page au beau visage blême ;
    Il compose des vers sur de très nombreux thèmes,
    Ce sont de bons morceaux qu’il me donne à manger.

    Je fus apprivoisé d’une manière douce
    Et mon corps a grandi, comme un bel arbre pousse ;
    Le prêtre me respecte, et l’alchimiste aussi.

    Du poisson qu’on me donne, on ôte les arêtes,
    C’est un grand cuisinier qui ce délice apprête ;
    Je suis l’oiseau joyeux, le faucon sans souci.

  4. Soeur Tortue
    --------

    Je vois déambuler la tortue monacale,
    Disant à haute voix les prières du jour ;
    Monseigneur Lapinot jadis lui fit la cour,
    Négligeant pour cela sa charge épiscopale.

    Elle ne suivit point cette pente fatale,
    Elle ne retint rien des amoureux discours ;
    Car elle resta chaste, ainsi qu’une vestale,
    Au fils du charpentier réservant son amour.

    Marchant autour du cloître où le gazon verdoie,
    Elle parle à des saints qui partagent sa joie,
    Son âme de l’enfer ne craint pas les dangers.

    Un abbé, contemplant la nonne délicate,
    Lui trouve comme un air de la déesse Hécate ;
    En un dieu de l’Olympe il voudrait se changer.

  5. Un jeu de hasard
    ----------

    Le Roi nous a reçus dans sa petite salle,
    Car il s’y divertit, s’il est dans un bon jour ;
    Nous fûmes trois seigneurs, l’ornement de la Cour,
    Acceptant pour enjeux des sommes colossales.

    Or, comment surmonter cette addiction fatale ?
    Blaise Pascal en traite en un de ses discours ;
    Mais nous ne l’aimons point, sa morale est brutale,
    Il n’a pas bien compris que « Dieu » veut dire « Amour ».

    Les joueurs pour gagner leur sagesse déploient,
    Surtout Sa Majesté, qui la Chance tutoie ;
    Dans le tirage au sort sont de secrets dangers.

    Nul des quatre n’est sûr d’avoir les bonnes cartes,
    Mêmes, elles sont parfois dans celles qu’on écarte ;
    Qui gagne ? C’est le Roi, cela ne peut changer.

Rédiger un commentaire

Germain NOUVEAU

Portait de Germain NOUVEAU

Germain Marie Bernard Nouveau, né le 31 juillet 1851 à Pourrières (Var) où il est mort le 4 avril 1920, est un poète français. Il est l’aîné des 4 enfants de Félicien Nouveau (1826-1884) et de Marie Silvy (1832-1858). Germain Nouveau perd sa mère alors qu’il n’a que sept ans. Il est élevé par son... [Lire la suite]

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS