Poème 'Le Peigne' de Germain NOUVEAU dans 'Valentines'

Le Peigne

Germain NOUVEAU
Recueil : "Valentines"

La serviette est une servante,
Le savon est un serviteur,
Et l’éponge est une savante ;
Mais le peigne est un grand seigneur.

Oui, c’est un grand seigneur, Madame,
Des plus nobles par la hauteur
Et par la propreté de l’âme.
Oui, le peigne est un grand seigneur !

Quoi ? l’on ose dire à voix haute
Sale comme un… Du fond du cœur
Que l’on réponde ! À qui la faute ?
Mais le peigne est un grand seigneur !

Oui, s’il n’est pas propre, le peigne,
À qui la faute ? À son auteur ?
N’est-ce pas plutôt à la teigne !
Car… le peigne est un grand seigneur.

La faute, elle est à qui le laisse
S’épanouir dans sa hideur.
C’est la faute… à notre paresse.
Lui, le peigne est un grand seigneur.

Oui, notre main est sa vassale,
Et s’il est sale, par malheur,
Il se f…iche un peu d’être sale,
Car le peigne est un grand seigneur.

Il ne veut nettoyer la tête,
Que si la main de son brosseur
Lui fait les dents ; je le répète,
Oui, le peigne est un grand seigneur.

Oui, c’est un grand seigneur, le peigne ;
Sans être rogue ou persifleur,
Sa devise serait : « Ne daigne. »
Car le peigne est un grand seigneur.

Grand seigneur, son dédain nous cingle,
Porteur d’épée, il est railleur,
Or, cette épée est une épingle,
Si le peigne est un grand seigneur.

Cette épingle, adroite et gentille,
Le rend propre comme une fleur,
Aux doigts de la petite fille
Dont le peigne est un grand seigneur.

Donc que je dise ou que tu dises
Qu’il est sale, mon beau parleur,
Il laisse tomber les bêtises,
Car le peigne est un grand seigneur.

Pour moi, je ne veux pas le dire :
Cela manquerait… de saveur,
Et puis cela ferait sourire ;
Non…, le peigne est un grand seigneur.

Sur vos dents fines et sans crasse,
Chaque matin j’ai cet honneur,
Mon beau peigne, je vous embrasse,
Et je suis votre serviteur.

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Commentaires

  1. Seigneur Canard de Sinople
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    Il goûte le bonheur d’une gloire inventée,
    D’un étrange délire il veut suivre le cours ;
    Il néglige pour ça son coeur et ses amours,
    Du petit Cupidon, la flèche est rejetée.

    De cet honneur fictif son âme est tourmentée,
    Il n’en démordra pas, la chose est sans secours;
    Il entretient l’idée, tout au long de ses jours,
    Des rêves de triomphe emplissent sa nuitée.

    Ce canard un peu fou, pas même chevalier,
    Se présente en seigneur dans ses lieux familiers,
    Aucun de ses amis n’ose le contredire.

    Ne le condamnons pas avec trop de rigueur ;
    Comme mégalomane, on a déjà vu pire,
    Et puis, sa déraison lui vient d’un noble coeur.

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Germain NOUVEAU

Portait de Germain NOUVEAU

Germain Marie Bernard Nouveau, né le 31 juillet 1851 à Pourrières (Var) où il est mort le 4 avril 1920, est un poète français. Il est l’aîné des 4 enfants de Félicien Nouveau (1826-1884) et de Marie Silvy (1832-1858). Germain Nouveau perd sa mère alors qu’il n’a que sept ans. Il est élevé par son... [Lire la suite]

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